A l'origine de toutes décisions stratégiques prises par l'Etat algérien, l'Armée nationale populaire est, en cette période sensible de l'histoire de l'Algérie, au centre de multiples sollicitations de la classe politique nationale. Les appels du pied incessants de la part de nombreux leaders d'opinion et autres chefs de parti n'ont pas eu raison de la détermination de l'institution militaire, qui semble avoir pris sa décision de retrait du champ politique sur la base d'une option stratégique et ce, dans l'intérêt de la République. Aussi, ne faut-il pas s'étonner de son silence alors que l'ensemble des prétendants à la succession de Bouteflika crient à la fraude anticipée. Une quelconque intervention de sa part, d'une manière ou d'une autre, remettrait en cause une avancée notable à l'origine d'un principe qu'elle s'impose depuis plus de deux ans. Une position qui l'honore et donne une crédibilité certaine à la nation, dans sa quête d'une démocratie véritable. En se gardant de se mêler au débat pré-électoral qui anime la scène politique depuis des mois, l'ANP démontre une bonne fois pour toutes son caractère légaliste et républicain. En effet, il est entendu que les interpellations des politiciens n'ont pas de base légale. A ce jours, même si le président-candidat s'autorise une campagne avant l'heure, celle-ci n'est pas en contradiction avec la loi fondamentale de la République. En fait, si le jeu semble biaisé, c'est par la faute des civils qui n'ont pas su légiférer dans le sens d'empêcher le chef de l'Etat de prendre une sérieuse avance sur ses concurrents. En fait, c'est sur le plan politique et non juridique que la donne est faussée. Et sur ce terrain, l'armée est incompétente et le fait savoir en n'intervenant pas dans la polémique qui a cours au sein de la classe politique. La stricte neutralité de l'institution militaire honore l'Algérie au sens où elle donne une occasion historique au personnel politique de se prendre en charge. Ceci dit, même si, comme le disent de nombreux opposants, Bouteflika s'est déjà assuré un second mandat, la présidentielle de 2009 verra une Algérie plus consciente et une classe politique plus conséquente avec elle-même. L'armée l'aura compris, le chemin vers la démocratie prendra du temps. C'est là une belle leçon des militaires à l'adresse des politiques.