Les chefs de file des redresseurs du FLN se font plus discrets ces derniers jours et ne font même plus parler d'eux. Au fur et à mesure que la date du scrutin présidentiel du 8 avril se rapproche, ces derniers se confinent dans un silence presque réprobateur. Abdelaziz Belkhadem, Saïd Barkat, Hadjar et Si Affif, des personnalités qui ont fait le plus parler d'eux sur la scène médiatique ont mis un bémol à leurs activités. La nomination par le président Bouteflika d'Abdelmalek Sellal au très sensible poste de directeur de campagne a achevé littéralement les ardeurs et les ambitions quelquefois démesurées des chefs de file. L'ancien ministre des Transports, que personne, même parmi les plus avertis, n'attendait à ce poste, possède cet avantage sur ses concurrents, celui d'avoir un «profil» qui sied bien à la nouvelle image de marque que veut se donner le président de la République s'il gagne un second mandat: une expérience dans différents postes ministériels, un passé de diplomate, une «virginité» politique à toute épreuve et enfin une aura d'énarque tranquille. Le coup de pouce d'un haut responsable à la présidence a complètement ruiné les espoirs des «ténors» du cercle présidentiel. De fait, le nouveau directeur de campagne de Bouteflika, Abdelamalek Sellal, devient ainsi et de facto la nouvelle pièce maîtresse du locataire d'El Mouradia, comme il l'a fait auparavant pour Benflis et le pivot central de toute la construction architecturale. Le renvoi successif de l'affaire du FLN par le Conseil d'Etat et l'activisme débordant de Ali Benflis ont grandement «altéré» les calculs des redresseurs. Ces derniers qui, il y a quelques semaines, faisaient «feu de tout bois» se sont peut-être rendus à l'évidence que les projections de Bouteflika étaient tout sauf celles auxquelles ils pensaient. La stratégie du candidat-président commence imperceptiblement à se dessiner: tous les comités de soutien à l'échelle nationale ont été «doublés», voire même triplés dans certaines wilayas. Ils seront fort probablement et dès sa seconde investiture «jetés en pâture». Cette façon de faire à l'apparence anodine, cache en réalité une «stratégie» souterraine qui ne dit pas son nom. Le rêve, jalousement gardé de Bouteflika de créer un parti politique majoritaire à l'image de celui de l'UMP de Jacques Chirac est maintenant devenu un secret de Polichinelle. Un éventuel triomphe présidentiel net et sans bavures de Bouteflika, malgré le retrait de l'armée, son premier sponsor en 1999, lui ouvrira grandement les portes pour mettre en oeuvre et sans contraintes majeures ses «desseins politiques», c'est-à-dire un contrôle quasi absolu sur toutes les institutions de l'Etat: de l'APN, en passant par le Sénat, le gouvernement et un droit de regard sur les nominations des gradés de l'Armée; Bouteflika aura des pouvoirs exorbitants qu'aucun président de la République, sauf peut-être Boumediene, n'a eu avant lui.