En constant déséquilibre, le dosage redresseurs- pro-Benflis n'a pas été simple. De guerre lasse, les différentes factions du vieux parti ont enfin décidé de se conformer à la loi. Le FLN tiendra, aujourd'hui, son 8e congrès «réunificateur» pour tenter de recoller les morceaux déchiquetés par la plus grave crise de son histoire. Retour sur les séquences d'un naufrage. La success story politique du duo Bouteflika-Benflis s'arrête aux portes du printemps. Le 8e Congrès tenu à Alger, les 18 et 19 mars 2003 a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Une fois réélu à la tête du FLN, M. Benflis s'abstient de prendre position en faveur de M. Bouteflika pour la présidentielle de 2004. «Nous n'accepterons plus ni injonctions ni tutelle. Notre credo est l'autonomie». déclare-t-il. La phrase lui coûtera cher. La rupture entre les deux hommes est inévitable. Elle intervient le 5 mai 2003, quand Ali Benflis a été limogé par le président de son poste de chef de l'Exécutif. S'ensuivent alors trois remaniement ministériels. Parallèlement, les germes de la contestation se font sentir. Six ténors du parti contestent les résolutions du 8e congrès ainsi que la direction qui en est issue et affichent leurs intentions : annuler le 8e congrès. Il s'agit de Saïd Barkat, d'Abdelkader Hadjar, d'Amar Saïdani, d'Abdelhamid Si Afif, d'Abdelouahid Bouabdallah et d'Amar Tou. Affirmant avoir le soutien de plusieurs milliers de militants, ils déposent des recours auprès du ministère de l'Intérieur pour annuler le congrès. Au début du mois de juin, les contestataires signent leur apparition par «une attaque aux dobermans» de la mouhafadha de Mostaganem. A la veille du 41e anniversaire de l'indépendance, la crise du FLN focalise les regards. Après un été de tractations, les redresseurs attaquent de plus belle. Abdelaziz Belkhadem est porté à la tête du «mouvement de redressement du FLN» lors d'une rencontre tenue à Djelfa, le 4 septembre 2003. Le 24 du même mois, 150 députés et 11 sénateurs se réunissent à l'hôtel Ryadh à Alger, et donnent carte blanche à Benflis. Quatre jours plus tard, ce dernier organise une conférence de presse au siège de son parti, à Hydra, et fixe la date du congrès extraordinaire au 4 octobre. Les événement s'accélèrent. La chambre administrative de la cour d'Alger siège la nuit et ordonne l'interdiction du congrès extraordinaire du FLN. M. Benflis contourne la décision et organise le congrès extraordinaire une journée à l'avance, vendredi, 3 octobre, au lieu de samedi. Le 19 novembre le procès d'invalidation du 8e congrès a été reporté au 2 puis au 8 décembre et enfin au 30 décembre. Au matin de cette date, le verdict tombe: toutes les activités du FLN sont gelées de même que les avoirs bancaires du parti. Et la bataille est relancée devant le Conseil d'Etat. Ce dernier confirme le 4 mars 2004, le gel des activités et des avoirs du FLN. Une décision qui n'affecte pas Ali Benflis, candidat à la présidentielle du 8 avril. Mais les urnes n'ont pas été en sa faveur le jour du vote. M.Benflis, écrasé avec 6,42% des voix par M.Bouteflika, réélu avec 84,99%, a tiré les conséquences de son échec en annonçant sa démission de la tête du FLN à la fin du mois d'avril. Et la crise continue... Les antagonismes qui minent le FLN ne se sont pas estompés avec l'annulation du 8e congrès et l'échec de Benflis. La crise du FLN culmine durant l'été 2004 quand 13 membres du parti entament d'intenses négociations qui ont abouti à la mise en place d'une direction collégiale. Cinq responsables constituent alors la tête du parti, Abedlaziz Belkhadem, Abdelkrim Abada, Amar Saidani, Salah Goudjil et Bouhedja. En constant déséquilibre, ce dosage redresseurs- pro-Benflis n'a pas eu la tâche facile pour parvenir à arrêter la date du congrès qui se déroulera aujourd'hui à la coupole du 5-Juillet. L'avenir et le sort du FLN se joueront durant les deux jours de ce rendez-vous.