Avec toutes les concessions faites par l'exécutif provisoire installé suite à la démission de l'ancien secrétaire général, Ali Benflis et de son bureau politique au lendemain du 8 avril, les “redresseurs” et particulièrement Amar Tou, ministre des postes et des télécommunications et Tayeb Louh, ministre du travail, campent sur leur position de refus de tout compromis ou de solution négociée. De manœuvre en manœuvre, ils exigent depuis quelques jours la dissolution des structures du parti, à commencer par les mouhafadhas jusqu'au comité central issu du 7e congrès. Ils demandent même la subordination du comité des “12” qui fait office d'exécutif provisoire du parti à la commission nationale de préparation du huitième congrès bis présidée par Abdelaziz Belkhadem. Lors d'une réunion tenue, il y a quelques jours au siège du parti à Hydra, le chef de fil des “redresseurs” demande la réunion du comité central dont la session est laissée ouverte depuis la démission de Ali Benflis et de son staff au lendemain de l'élection présidentielle. Le comité des “12”, selon un de ses membres, lui accorda cette énième concession. Une autre décision avait été prise alors. Elle consistait à lancer une opération de réconciliation de la base militante. En sortant de la réunion, confie le responsable du FLN, la direction provisoire dirigée par Abdelkrim Abada s'est remise à croire à une hypothétique réconciliation, une tâche que le comité central du 7e congrès a inscrite au registre de ses priorités. Selon la même source, Abdelaziz Belkhadem avait donné toutes les garanties pour mener à bien l'initiative. Mais voilà qu'un événement vient chambouler toutes les décisions de ladite réunion. C'est le conclave nocturne tenu au siège central du parti, au courant de la semaine dernière, par les ministres “redresseurs”, à leur tête Amar Tou et Tayeb Louh. Cela s'est passé en l'absence de Belkhadem en déplacement à New York avec le chef de l'Etat. Une seule décision en est sortie : bloquer le processus de réconciliation, souligne un membre de la direction provisoire qui a l'air de parler au nom de la structure dirigée par Abdelkrim Abada. Les ministres “redresseurs”, indique-t-il, refusent autant l'association à l'opération de réconciliation de la base de ce qu'ils appellent les pro-Benflis que leur propre participation. Cette attitude a surpris plus d'un. Et le comité des “12” tire ses conclusions : “Les redresseurs cultivent la contradiction pour maintenir le pourrissement.” Selon une source proche de l'exécutif provisoire du parti, le comité central sera bel et bien convoqué pour trancher les questions en suspens. Les plus optimistes pensent que l'instance suprême entre les deux congrès rejettera les désirs irréalisables, dissolution du CC et des mouhafadhas pour les remplacer par des commissions paritaires de wilayas. Il n'y a aucun texte, ni aucune disposition des statuts du parti qui permettent la dissolution des structures partisanes, ou leur “mise en veilleuse”, comme les “redresseurs” préfèrent qualifier leur démarche pour atténuer un tant soit peu sa gravité aux yeux des militants. Pour ceux qui soutiennent cette option, “le comité central est le seul habilité à convoquer le huitième congrès”. Les réalistes au sein du comité des “12” privilégient un autre scénario : la direction provisoire réunira le comité central en session ouverte. Un bilan sera présenté à ses membres qui trancheront les questions qui demeurent en suspens. Et là, beaucoup ne se font pas d'illusions vu le basculement de beaucoup de ses membres dans le camp des “redresseurs”. La réunion du comité central aura lieu, selon nos sources, soit avant le mois de ramadan ou juste après. La direction provisoire est-elle piégée après avoir accordé toutes les concessions possibles au groupe de Abdelaziz Belkhadem ? Pour qui roulent Louh et Amar Tou qui sabotent le retour du FLN sur la scène politique ? Ce sont là les interrogations que se pose le comité des “12” qui se trouve bloqué dans sa démarche de réconciliation. Il a même vu sa demande de libérer les avoirs du parti rejetée, il y a un mois de cela, par le juge qui s'est déclaré, selon nos sources, incompétent. Dans ce fouillis de contradictions, de déclarations et contre-déclarations, l'organisation du huitième congrès bis devient des plus improbables à la date qui est annoncée. C'est-à-dire avant la fin de l'année. S. R.