Les responsables de la permanence du Dr Taleb avaient fort à faire entre répondre aux appels affolés et préparer les lettre de démenti. «Tout a commencé, expliquent des cadres de Wafa, à la suite d'une information distillée dimanche par un quotidien de l'Ouest faisant état de l'élimination de notre candidat. Mais l'écho qu'ont eu d'autres journaux a mis le feu aux poudres.» Mohamed Saïd, porte-parole et secrétaire général de Wafa, assumant par ailleurs le rôle de directeur de campagne, dément formellement toute information relative à une quelconque élimination du candidat Ahmed Taleb Ibrahimi. «Nous n'avons été destinataires d'aucune lettre ni appel téléphonique en ce sens.» Il ajoute que «malgré les pressions, prouvées et dénoncées, exercées par Yazid Zerhouni sur ceux qui voulaient donner leurs signatures à celui qui devait être président en 1999 déjà, nous avons franchi largement le cap des 75.000 signatures». Il ajoute que «plus de 14.000 signatures n'ont pas été jointes au dossier à cause des menaces et pressions qui nous ont empêchés de les légaliser à temps». De graves incidents, qui avaient failli dégénérer en émeutes, ont même été mis en avant lorsque les militants de Wafa ont vu les «partisans du candidat-président légaliser des paquets de formulaires sans la présence des concernés, ni même la présentation d'un quelconque document justificatif». Le numéro deux de Wafa, malgré tout confiant, souligne que «dans le cas très peu probable où il y a exclusion, elle ne peut être que politique puisque Taleb fait énormément peur à Bouteflika en restant, quoi qu'en disent les uns et les autres, le principal adversaire de Bouteflika et que les aspects juridique et technique ont été soigneusement étudiés par des équipes hautement compétentes qui ont vérifié pendant plusieurs jours les composantes du dossier de candidature avant de le présenter au Conseil constitutionnel». Wafa, qui a profité de cette campagne de collecte des signatures pour renforcer ses rangs et grignoter de nouveaux territoires au niveau de pas moins de sept nouvelles wilayas, «ne se laissera pas démonter quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel». Notre source explique qu'«en dépit des maigres moyens de bord, nous comptons aller vers une campagne électorale qui éclipsera celle du président-candidat en dépit des pressions énormes qui ont pesé sur notre parti depuis sa naissance en 2000». Il est rappelé, à cette occasion, que Taleb n'a pas rompu avec ses militants et sympathisants, en créant son parti, et en effectuant des dizaines de sorties sur le terrain, au niveau de plus de la moitié des wilayas que compte le pays. Les cadres du mouvement, littéralement débordés par les appels aux nouvelles, ont passé toute la journée à rassurer et à démentir la rumeur, préparant même des lettres adressées aux permanences et sièges situés aux quatre coins du pays. Taleb, qui se montre prêt à toute éventualité, confirme que toute disqualification ne revêtirait pas une autre lecture que politique. Le combat pour le retour à la souveraineté populaire et la prise en charge de ses besoins vitaux ne s'arrêtera pas. L'on apprend que le président du mouvement Wafa, dans le cas où devait se confirmer son «exclusion politique», animerait incessamment une conférence de presse en vue de dénoncer «ce premier tour administratif» visant à «éloigner les concurrents gênants du candidat-président». Wafa, devenu une force politique avec laquelle il faudra compter à l'avenir, prépare un plan d'action global visant à s'adapter aux contraintes ambiantes de plus en plus insupportables.