Hamidou entame la soirée par le célèbre hymne dédié à Oran, Wahrane El Bahia. Hamidou à l'affiche afin de donner le coup d'envoi des soirées ramadhanesques d'Oran, car c'est un événement qui crée une ambiance particulière et une effervescence incontestablement singulière vu l'entrée et le hall de la salle de cinéma El Maghreb. Ceux-ci étaient «obstrués» par une foule compacte qui déferlait peu après la rupture du jeûne. Un travail de fourmi a, en ce sens, été fourni auparavant en exploitant toutes les pistes dont les réseaux sociaux par Leïla El Kebir qui a joué un rôle important dans l'organisation de la soirée. Le public oranais était donc au rendez-vous pour le récital du chanteur Hamidou. La salle affichait archicomble, ses beaux sièges étaient tous occupés par des dizaines de familles, les retardataires, eux, ont été obligés de suivre le spectacle du balcon. «C'est Hamidou qui va chanter», se demandaient plusieurs personnes, notamment la gent féminine. Les organisateurs, à leur tête Abbès Bouakeul, essaient de faire patienter le public dont le suspense n'a que trop duré. La soirée a été entamée dans le genre andalou animé par les artistes de l'association Nahda d'Oran juste après la fin de la prière des tarawih, c'est-à-dire à partir de 23h. Ces derniers, guidés par Mokhtar Allal, ont fredonné du chant religieux avant de bercer les présents par le qacid de cheikh Lakhdar Benkhlouf. Il a fallu donc attendre jusqu'au-delà de minuit pour que l'orchestre de Hamidou fasse une entrée triomphale sous les applaudissements. Après quelques morceaux de musique instrumentale, Hamidou entame la soirée par l'hymne dédié à la ville, Wahrane El Bahia. Il a émerveillé les présents en donnant un rythme exceptionnel à la chanson à travers laquelle l'artiste a souhaité la bienvenue au public. La salle explose. Les youyous fusent de partout. Des applaudissements des quatre coins de la salle. En parfaite symbiose, Hamidou a créé une ambiance particulière d'autant qu'il a su charmer les présents dès son entrée. Comme il a pu asseoir la règle à suivre tout le long du spectacle, écouter attentivement, danser et applaudir. Interprète à la perfection de plusieurs styles de musique et de chant algérien, Hamidou a poursuivi la soirée par des chansons puisées de son riche répertoire mais aussi des reprises suivies d'enchaînements par quelques chansons dans le genre haouzi et chaâbi. Les mélomanes se mettent à danser sous les rythmes de la musique algéroise tirée du large répertoire du défunt Hachemi Guerrouabi. Dans ses enchaînements rythmés, il fredonne merveilleusement la célèbre chanson du défunt Samy El Djazaïri, Rahla avant de s'attaquer à l'oranais en immortalisant le célèbre tube du défunt Ahmed Wahby Kaoulate Lala. Hamidou clôture avec la chanson de Matoub Lounès son récital Wakay Idissaoulen, (qui a appelé?). Doté d'une somme musicale et d'une grande force d'assimilation avec une aptitude à passer de la musique andalouse au chant oranais et de la musique amazighe (kabyle) à la musique moderne algérienne, Hamidou recèle de prédispositions artistiques et linguistiques, lui permettant de toucher un très large public venu de divers horizons. Nonobstant un petit bug technique survenu avant la fin du spectacle, l'artiste a clôturé la soirée dans le respect des us instaurés par les grands maîtres du chaâbi en interprétant dignement Bkaw alakheir sous les youyous et les applaudissements du public. En dépit du deuil qu'elle porte depuis le décès de son époux, le mois de mars dernier, l'interprète de l'andalou, Leïla Borsali, présente dans la salle, n'a pas hésité à remettre un bouquet de fleurs à Hamidou qu'elle remercia vivement pour la réussite de son spectacle. Dans les coulisses du cinéma, à la fin de son spectacle, il n'a pas dissimulé sa satisfaction en déclarant que «son grand bonheur est de faire plaisir à son public». «Je suis heureux de partager ce moment avec ce large public que je remercie beaucoup pour sa présence en force», a-t-il ajouté. Auparavant, et dans ses déclarations, Hamidou a indiqué que «nous avons besoin de la gaieté, la joie nous fait sentir la sécurité et permet aux familles de reprendre confiance». Du haut de sa centaine de chansons et ses 28 ans de carrière, Hamidou ne compte pas quitter de sitôt la scène artistique. Il le dira en déclarant: «Je me prépare pour l'édition, en fin d'année, de mon prochain album qui contiendra des chansons appartenant aux chanteurs kabyles comme Akli Yahiaten et le défunt cheikh El Hasnaoui.»