Après le succès de son premier concert, le Ramadhan dernier dans le même espace, le chanteur Hamidou a enflammé l'auditorium de la Radio nationale. Un auditorium qui a affiché complet dès 19h30. Les retardataires ont été, tout de même, placés tant bien que mal. A 20h30, Hamidou - tout de noir vêtu - fait son entrée sur scène. Arborant un sourire qui lui sied à merveille, il salue son public magistralement avec dans la main sa guitare. La salle est assaillie d'applaudissements et de youyous. Il ajuste son instrument avant de disposer ses cahiers sur la table. La soirée débute par la chanson Mazel Hay Mazel Hay. « Bonsoir, j'espère que vous passerez une bonne soirée avec nous », lance-t-il à l'assistance. Il poursuit son répertoire avec un deuxième titre nostalgique et pathétique à la fois, car rappelant les blessures de l'exil. Twehacht houmti, ana berid, Twehacht Sidi Abderrhamne sont, entre autres, les mots récurrents et poignants chantés d'une voix prenante et sûre. Suivront d'autres titres connus, tels que Ya Hebeb El Djalssine, Salem Alikoum, Samah Y a Ayn, Men sabni maâ El Mellih Lila, Wahrane El Bahia, Goulou Leness. L'ambiance était des plus festives. Pour mieux imprégner le public, Hamidou lance : « Lawlawi Lawlawi. » La gent féminine répond à l'unisson par des youyous tonitruants. Il enchaîne par Ya El Gharayeb non sans oublier de dédier cette soirée « à la femme algérienne ». Si certains se déhanchaient timidement sur leur siège avec Achtah a Taouès, certains corps se libèrent en investissant soit l'espace exigu de leur fauteuil, soit le devant de la scène. Foulards noués autour de la taille, les filles... et les garçons s'adonnent à cœur joie à une danse très rythmée. Charmeur jusqu'au bout des ongles, Hamidou titille la gent féminine par Ya Bent El Djazaïr et surtout Ah qu'elles sont jolies les filles de mon pays. De grands standards de la chanson algérienne sont repris, Chahlet El Ayni, El Bareh Ken fi omri achrine, Gharou mani, soit des couplets très connus, car gardant intacts leurs succès, mais bien repris avec le cachet particulier de l'artiste. Dans son show final, Hamidou ne manquera pas d'annoncer une nouveauté au niveau de l'instrumentation. C'est ainsi que la ghaïta, que Hamidou voulait assimiler à la zorna, certainement pour rester dans le giron de l'Algérois, est intégrée pour la première fois dans un orchestre andalou. Plus présente dans le malouf, surtout dans l'Est algérien, la ghaïta fait ainsi une intrusion dans l'andalou de Hamidou mais ce dernier a tenu à préciser que l'idée ne lui appartenait pas. Une manière, peut-être, d'éviter les éventuelles critiques de cette apparition instrumentale qui n'avait pas sa place au niveau des différents orchestres de l'andalou qui se sont succédé jusqu'à présent. Les commentaires d'après spectacle étaient plutôt sceptiques et rares ceux qui voyaient en cette nouveauté un plus pour l'andalou. Il est vrai que les adaptations sont toujours difficiles tout comme l'ouie qui se laisse aller aux habitudes. Il est vrai que c'est là un autre débat, car, faut-il le reconnaître, certains orchestres andalous, pas forcément en Algérie, peut-être dans le but d'attirer le jeune public qui délaissait le répertoire traditionnel, ont introduit dans leurs ensembles des instruments modernes. Ainsi, on a vu apparaître, en plus des instruments traditionnels, des instruments tels que la clarinette, l'accordéon, la flûte traversière, le saxophone, la batterie, la guitare électrique ou encore l'orgue électronique. A titre de comparaison, on peut remarquer que la musique andalouse algérienne (représentée au Maroc, principalement à Oujda et Rabat, par le tarab al gharnâti a, quant à elle, assimilé depuis longtemps des instruments tels que le banjo, la mandoline, la guitare ou encore le piano. Une innovation donc de la part de Hamidou qui n'a pas laissé indifférent et les commentaires sont partis bon train. Une manière comme une autre pour Hamidou de ne laisser personne indifférent dans une soirée qui annonce donc son retour, mais aussi et surtout qui lui permet de fêter ses vingt années de musique. C'était réussi !