Le président français François Hollande a imposé aux Maliens la date du mois de juillet pour la présidentielle «Nous serons intraitables»: en des termes assez peu diplomatiques, le président français François Hollande avait signifié dès avril au Mali que Paris voulait des élections en juillet. Pressée de se désengager et de passer le flambeau à l'ONU, la France a poussé jusqu'au bout pour une élection au Mali dès juillet malgré les difficultés pour organiser un scrutin aux normes démocratiques dans un pays déstabilisé par la guerre. «Nous serons intraitables»: en des termes assez peu diplomatiques, le président français François Hollande avait signifié dès avril au Mali que Paris voulait des élections en juillet. Et le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, qui avait accompagné M.Hollande lors de son voyage triomphal au Mali début février, trois semaines après le début de l'intervention militaire française, n'a pas ménagé sa peine: il est retourné en avril et en mai à Bamako pour s'assurer de la volonté des autorités maliennes d'organiser le scrutin à la date fixée. Pour Paris, et dans une moindre mesure la communauté internationale (ONU, Afrique de l'Ouest, Union africaine), les élections au Mali étaient une question prioritaire, une fois chassés les groupes islamistes armés qui occupaient le nord du territoire. D'une part, il s'agit de redonner une légitimité à l'Etat malien, dirigé par des autorités de transition après un putsch militaire en mars 2012. Et d'autre part, seul un gouvernement légitime peut lancer un processus de dialogue et de réconciliation entre les communautés maliennes du sud et du nord. Paris, qui a engagé plus de 4.000 militaires au Mali en janvier et permis la reconquête du nord, estime sa mission accomplie. «Plus on sort tôt de cette affaire, et mieux ce sera», souligne une source diplomatique française. «Aujourd'hui, ce n'est plus un dossier français, la balle est dans le camp des Nations unies», qui ont déployé en juillet une force de maintien de la paix devant atteindre à terme 12.600 hommes, ajoute-t-on. Mais les pressions pour organiser les élections n'ont pas toujours été bien reçues. Le candidat à la présidentielle Tiébilé Dramé, artisan en juin d'un accord de paix entre Bamako et la rébellion touareg, a retiré la semaine dernière sa candidature avec fracas, pour protester contre l'impréparation du scrutin et dénoncer une ingérence française. «Je constate que Fabius est devenu le directeur des élections au Mali», a lancé M.Dramé, regrettant que «certains responsables français accumulent les maladresses». «Je ne veux pas entrer dans la polémique», a répliqué M.Fabius interrogé sur ces critiques. «En janvier, il s'en est fallu de quelques heures que le Mali soit dirigé par des groupes terroristes. Et c'est l'intervention de la France qui permet sept mois plus tard que la sécurité soit rétablie pour l'essentiel, qu'il y ait dans quelques jours une élection présidentielle, et que des fonds très importants aient été recueillis auprès de la communauté internationale pour faire redémarrer le Mali», a-t-il insisté. Paris répète également que «ce sont les Maliens eux-mêmes qui ont fixé la date du scrutin». «Il est vrai qu'un certain nombre d'acteurs maliens voulaient eux aussi des élections le plus vite possible, pour mettre fin à la transition et ne pas voir les autorités transitoires s'installer au pouvoir», indique Gilles Yabi, de l'organisation International Crisis Group. «Mais un report de quelques semaines aurait permis d'améliorer les choses sur le plan technique», souligne-t-il, alors que se sont multipliées les mises en garde contre une élection qui ne serait pas crédible. Ceux qui souhaitaient un report du scrutin ont mis en avant les difficultés de distribution des cartes électorales dans certaines zones, l'impréparation, et surtout l'insécurité qui continue de régner dans la région de Kidal, dans l'extrême nord-est, occupée par les rebelles touareg, où l'armée et l'administration maliennes ne sont revenues que début juillet. «Tout le monde rivalise pour dire que ces élections seront imparfaites, au moins, il y a un consensus là-dessus!» s'amuse Gilles Yabi d'ICG. «Mais plus sérieusement, on peut s'interroger sur un scrutin à marche forcée quand on entend mettre en avant le principe de régénérescence de la démocratie», ajoute-t-il.