La confirmation de la tenue de la présidentielle fin juillet a été plutôt bien accueillie au Mali, mais de fortes inquiétudes subsistent sur le statut de Kidal, ville du Nord toujours occupée par les rebelles touareg avec la bienveillance de la France. Le Conseil des ministres a confirmé lundi à Bamako la date du 28 juillet pour le premier tour du scrutin, sous la pression de l'ex-puissance coloniale française qui intervient militairement au Mali depuis le 11 janvier aux côtés d'armées africaines contre les jihadistes ayant occupé tout le nord du pays. Jusqu'alors, juillet était un but à atteindre, mais des hommes politiques et observateurs maliens jugeaient l'échéance trop proche, s'interrogeant sur les conditions de vote des quelque 500.000 réfugiés et déplacés par le conflit, la sécurité dans le Nord où des attentats ont encore eu lieu récemment et la persistance de profondes divisions ethniques exacerbées par l'occupation jihadiste des deux tiers du pays pendant presque toute l'année 2012. Le président malien par intérim Dioncounda Traoré, désigné à la suite d'un coup d'Etat ayant renversé le 22 mars 2012 le président élu Amadou Toumani Touré, notait lui-même le 14 mai que "si ces élections sont ratées, elles vont créer encore plus de problèmes". Mais l'insistance de la France, qui se voulait "intraitable" pour un scrutin en juillet, et les promesses d'une aide considérable de la communauté internationale de 3,2 milliards d'euros au Mali, semblent avoir eu raison des réticences: la quasi-totalité des partis politiques maliens ont fini par l'accepter. "Cette pression, on la comprend, car tout le monde est d'avis que le gouvernement actuel ne peut pas régler les problèmes", note Gilles Yabi, d'International Crisis Group (ICG) à Dakar, "mais il semble que la date elle-même était plus sacrée que la tenue d'élections crédibles".