La plus grave chose que Washington pourrait proposer, c'est justement de venir s'installer au centre d'une terre aride qui les mettrait à découvert. Une note d'information de l'ambassade américaine en Algérie, publiée jeudi, et intitulée «Les Etats-Unis luttent contre les activités terroristes en Algérie et au Sahel», dément formellement les informations parues dans certains quotidiens algériens et selon lesquelles «les Américains, dans leur guerre contre le terrorisme, auraient installé des bases militaires en Algérie et dans les pays du Sahel». «Les Etats-Unis n'ont pas de base militaire en Algérie, mais coopèrent avec ce pays contre le terrorisme des groupes armés islamistes», dit la note qui précise que «les Etats-Unis n'ont installé aucune base militaire en Algérie et ne comptent pas en installer. Les articles parus dans la presse ne sont pas fondés.» «La lutte contre le terrorisme constitue un domaine clé de la coopération algéro-américaine», la contribution de l'Algérie étant très importante. La note, qui reconnaît que les Américains s'intéressent de très près aux groupes armés qui activent dans les pays du Sahel et en Algérie précise qu'il s'agit du programme militaro-politique «Pan Sahel» qui vise principalement à aider et «renforcer la capacité des gouvernements régionaux à combattre le terrorisme». En termes clairs, oui, les Américains «luttent contre les activités terroristes en Algérie et dans les pays du Sahel». La coopération militaire entre les deux pays, est-il encore précisé, «est en train de s'étendre à plusieurs autres domaines» et de citer que les programmes américains de formation et d'instruction militaires, en Algérie ont été renforcés en 2003, et que les Etats-Unis avaient accru leur assistance à l'Algérie dans sa lutte contre les groupes armés et que le budget de cette assistance était de l'ordre de 700.000 dollars pour l'année 2003, et comprend notamment, la formation d'officiers et la fourniture d'équipements. Voilà, donc en clair, la réponse de l'ambassade américaine aux quelques articles de presse, qui, eux-mêmes, s'étaient fait écho de ce qui se chuchotait chez des officiers algériens des régions frontalières avec le Niger et le Mali. Mais, en réalité, les Américains sont trop conscients que la décision la plus mauvaise qu'ils peuvent prendre, c'est justement de venir s'installer au centre d'une terre aride et à découvert - le Sahara - qui les rendrait plus vulnérables et à la portée des groupes armés locaux, et pas uniquement les islamistes. Les groupes rebelles, les contrebandiers et les réseaux combattants de la mafia locale, du Mali, du Niger, du Tchad, de la Mauritanie, comme aussi du sud de l'Algérie, constituent un vaste univers, un patchwork indéfinissable et leurs activités s'étendent sur un vaste espace constituant une sorte de no man's land codifié où il sera difficile aux étrangers de se mouvoir, aussi outillés militairement soient-ils. Pire, l'installation des Américains dans la région mènera à une «collusion d'intérêts» et tous ces groupes terroristes, rebelles ou mafieux vont s'unir contre «cet ennemi de l'islam». Le lien sera vite trouvé et l'emballage dans lequel ce conglomérat mettra ses ressources ne s'éloignera pas d'un islamisme radical et guerrier qui usera les forces ennemies et s'inscrira dans le temps. Depuis que le Gspc a confirmé l'existence active de groupes islamistes dans la région, et qui de surcroît, ne cachent pas leur connexion aux objectifs et aux credo d'Al Qaîda, les Américains, craignant que cette force ne parvienne à déborder, avaient décidé de s'attaquer au terrorisme dans son propre antre. «La sécurité intérieure commence, pour les Etats-Unis, là où les groupes armés prennent naissance», c'est le nouvel apprentissage des événements induits par l'après - 11 septembre 2001.