Une immense foule a accompagné les quinze Palestiniens, dont des enfants, assassinés dimanche lors du raid de l'armée israélienne. Ce qu'il faut relever une fois de plus, c'est bien le silence assourdissant de la communauté internationale, incapable de condamner les raids meurtriers israéliens contre des populations désarmées. Or, cette communauté internationale, en fait l'Occident, qui a toujours été prompte à dénoncer, dans les termes les plus durs, les opérations des kamikazes palestiniens, semble totalement paralysée et sans ressort, dès lors que c'est Israël qui commet des crimes que la conscience réprouve et que les lois internationales condamnent. Quinze Palestiniens parmi lesquels de nombreux enfants et adolescents, ont ainsi été massacrés dans la nuit de samedi à dimanche dans les camps d'El-Boureij et Nousseirat à Gaza. Parmi les victimes, il y avait deux enfants de 8 et 12 ans et deux adolescents de 15 et 16 ans (ce dernier est mort hier des suites de ses blessures), ce qui n'empêche pas le chef d'état-major israélien, le général Moshé Yaalon d'affirmer cyniquement: «Nous ne permettrons pas à nos soldats de mettre en joue des enfants ou des femmes.» Les médias du monde entier ont bien montré, en 2001, comment l'armée israélienne s'est acharnée sur l'enfant palestinien martyr, Mohamed Ad-Douro, 14 ans, criblé de balles dans les bras de son père. Les femmes? Elles ne sont pas mieux respectées par l'armée israélienne. De fait, combien de femmes palestiniennes sont mortes en couche, ou se sont vues contraintes d'accoucher dans des barrages israéliens, les soldats israéliens refusant de les laisser rejoindre l'hôpital, ou même des bébés qui meurent dans des barrages faute de soins. Ce ne sont pas les exemples de ce genre d'outrages de l'armée d'occupation israélienne qui manquent. Ainsi, une trentaine de chars et de blindés, appuyés par des hélicoptères de combat Apache ont investi tôt, dans la matinée du dimanche, les deux camps palestiniens de Nousseirat et d'El-Boureij, tirant sans distinction sur tout ce qui bougeait, tuant sans état d'âme, une population surprise de bon matin dans son sommeil. Conforté par le silence coupable de la communauté internationale, Israël se dit déterminé «à poursuivre ses raids contre les ‘‘groupes armés'' palestiniens». Or, considérant les Palestiniens en général, et les résistants en particulier, comme des terroristes, l'armée israélienne ne s'est jamais donné la peine de faire la distinction entre les uns et les autres. Pour Israël, tout Palestinien mort est tout bénéfice pour l'Etat hébreu, d'autant plus que, sûre de l'impunité internationale, l'armée israélienne ne prend aucune des précautions qu'imposent les conventions internationales, notamment la Convention de Genève de 1949, en situation de guerre. Un peuple se fait quotidiennement massacrer par l'armée israélienne d'occupation dans l'indifférence générale. Les territoires palestiniens ont été transformés en véritable champ de gruyère, tant par les barrages omniprésents, faisant des Palestiniens de véritables parias dans leur pays, par le mur qui se construit et qui s'enfonce profondément en Cisjordanie, que par le déni de droit dont sont victimes les Palestiniens. Une question, quelque peu naïve, nous vient à l'esprit, à savoir, pourquoi ce que la communauté internationale estime vital en Bosnie, au Kosovo, en Côte d'Ivoire, et tout récemment en Haïti, par l'envoi de Casques bleus, pour la sauvegarde des peuples de ces contrées, ne l'est plus dès lors qu'il s'agit des Palestiniens et d'Israël lequel semble avoir droit de vie et de mort sur cette population arabe. En fait, Israël a acculé au désespoir un peuple humilié, opprimé quotidiennement sans que les Nations unies et la communauté internationale y trouvent quelque chose à redire. La Ligne verte (issue de l'armistice de 1949) fait office, selon les Nations unies, de frontière (de facto) entre Israël et les territoires palestiniens. Pourquoi l'ONU et l'Occident n'imposent-ils pas une force internationale d'interposition entre les deux parties, tout au long de cette ligne. Ce qui permettrait sans doute d'atteindre au moins trois objectifs: protéger la communauté juive d'Israël, officialiser une frontière entre Israël et le futur Etat palestinien, enfin créer les conditions à une reprise du processus de paix israélo-palestinien sur des bases claires et saines. En réalité, le seul obstacle à la paix au Proche-Orient est bien l'Etat hébreu qui refuse toute intervention des Nations unies, alors que la communauté internationale ne fait rien pour soumettre Israël aux mêmes normes imposées à tous les pays du monde?