«Une petite maison en ruine vaut mieux qu'un palais en commun.» Proverbe arabe Après plus de quarante ans de présence du feuilleton égyptien sur l'Unique télévision algérienne, les téléspectateurs algériens ont découvert depuis 2000, le monde du feuilleton syrien, avec des thèmes historiques Al Kawasir, Al Jawarih, Al Bawassil réalisés par le réalisateur Najdat Ismaïl Anzour. Mais malgré la force des feuilletons historiques, la drama syrienne n'a pas pu remplacer le feuilleton égyptien dans la mémoire collective algérienne. Or, un événement sportif va totalement changer la donne: le match de qualification en Coupe du Monde qui provoqua une crise politique entre l'Egypte et l'Algérie, en novembre 2009. Une crise qui a été amplifiée par la campagne anti-algérienne lancée par les médias et télévisions égyptiennes après la défaite de Oumdurman. La télévision algérienne avait alors cessé d'importer des feuilletons égyptiens depuis 2010 et cela sur décision politique du gouvernement algérien. C'était la fin de plus de 40 ans de monopole du feuilleton égyptien sur le marché audiovisuel algérien. L'Algérie, à travers sa télévision, avait contribué à renflouer les caisses de l'Etat égyptien en achetant en masse les programmes audiovisuels égyptiens: feuilletons, films de cinéma, émissions de divertissement et même programme pour enfant. Cette politique «d'égyptianisation» de la société algérienne a été décidé dans les années 1970, du temps de Boumediene, pour stopper la francophonisation de la société algérienne et équilibrer le programme de la télévision algérienne, qui était jusque-là composé de programmes américains et français. Cette politique a pris fin après la crise entre l'Egypte et l'Algérie et ouvert une niche pour les autres productions arabes: jordaniennes d'abord, mais surtout syriennes ensuite. La Syrie était devenue, depuis l'arrivée au pouvoir de Bachar El Assad, le deuxième producteur de feuilletons arabes après l'Egypte avec en moyenne 60 feuilletons par an dont une trentaine juste pour le Ramadhan. La proximité linguistique, mais surtout le partage commun de l'histoire (la Syrie a été colonisée comme l'Algérie, par la France et avait hébergé et protégé l'Emir Abdelkader durant son exil), avait renforcé les liens culturels entre les deux pays. Une proximité historique qui a donné lieu à des coproductions algéro-syriennes, ce qui n'était pas le cas entre l'Algérie et l'Egypte durant plus de 40 ans. La télévision algérienne avait coproduit et tourné en Syrie son plus important feuilleton historique sur la vie de Lala Fatma Nsoumer (Adra el djabal). D'autres coproductions algéro-syriennes sont venues s'ajouter à cette coproduction: Djeha avec Hakim Dekkar, mais aussi Indama Tatamaradh El Akhlak, le premier feuilleton syrien incluant des comédiens algériens. Mais malgré cette offensive sur le marché algérien, la drama syrienne n'a pas pu remplacer la drama égyptienne dans le coeur et la mémoire algériens. Les stars égyptiennes étaient plus connues et plus appréciées par les Algériens d'où leur succès à chaque participation au Festival du film arabe d'Oran. Le dialecte syrien marquera néanmoins sa présence et devient un langage arabe de plus pour les téléspectateurs algériens. Mais la Syrie ne sera pas célèbre par ses feuilletons, mais grâce au doublage syrien des feuilletons turcs, fortement diffusés sur les satellites arabes et appréciés par les téléspectateurs algériens. Le dialecte syrien a pénétré les foyers algériens, en attendant de conquérir leurs coeurs par l'image... à suivre! [email protected]