Les troubles sociaux que connaît l'Algérie sont symptomatiques de l'urgence d'une demande sociale encore insatisfaite. De nombreuses localités de l'ouest, du centre et de l'est du pays ont vécu hier des troubles. Les citoyens de ces contrées de l'Algérie profonde ont tous les mêmes préoccupations. Ils revendiquent des logements, du travail, des infrastructures sociales, une vie décente en fait. La commune de Béni Béchir, à Skikda a été, hier, le théâtre de scènes à la limite de la violence. Des jeunes de ce bourg ont bloqué la route. Une grande tension a été ressentie par tout un chacun et l'on a frôlé l'émeute. Béni Béchir n'est pas la seule localité à s'être soulevée. Avant les incidents d'hier, d'autres ont été constatés à Aïn Kercha, Boulbanet, Boudoukha et Ramdane-Djamel. Autant de communes qui vivent quotidiennement à la lisière de la révolte. A l'ouest du pays, ce sont plusieurs communes éparpillées sur trois wilayas qui ont connu une tension particulière. En effet, Djeniène Meskine à Zahana, dans la wilaya de Mascara, a vu ses jeunes sortir dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol. Leur colère s'est naturellement tournée contre l'APC, dont ils ont fermé le siège, avant de recourir au désormais traditionnel barrage sur la route nationale, histoire d'attirer l'attention sur eux. Leurs revendication, sont un travail dans la cimenterie de Zahana et une vie décente, comme partout ailleurs. A Oued Kada, même scénario et mêmes revendications. Les jeunes disent leurs malaises de se voir dépérir sans autres perspectives que l'attente stérile d'un emploi qui ne se présente jamais. A Tiaret, autre wilaya de l'Ouest qui a enregistré des troubles, ce sont des fellahs qui ont manifesté contre le retard de la perception des primes de la saison agricole 2002/2003. Ils ont fermé le siège de la Caisse régionale de la mutualité agricole pendant plusieurs heures. Oran, capitale de l'Ouest n'a pas été également épargnée par la contestation. Des dizaines de femmes ont choisi la date symbole du 8 mars pour revendiquer bruyamment un toit pour leurs familles. Au centre du pays, ce sont Bouira et Tizi-Ouzou qui ont connu des troubles à d'ordre public. Haïzer, dans la wilaya de Bouira a vécu des scènes comparables à celles qu'elle a connues aux plus durs moments des événements du Printemps noir en 2001. La violence des manifestations des jeunes qui ont saccagé le siège de l'APC a nécessité le déploiement des forces de l'ordre pour disperser les émeutiers. Ces événements succèdent à ceux de Aïn Laloui, Kadiria et Ouled Rached. Haïzer a été visitée par le ministre de l'Emploi et de la Solidarité Djamel Ould Abbès. A propos des visites ministérielles qui engendrent des réactions violentes de la part des citoyens, l'on notera les troubles qui ont émaillé le périple du ministre de la Santé dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Il est clair que les Algériens des quatre coins du pays ont les nerfs à fleur de peau. L'épisode de Ouargla et Touggourt n'est en fait pas isolé. Médiatisées du fait de la présence du chef de l'Etat dans cette wilaya, les émeutes du Sud sont en réalité une partie d'un phénomène qui semble prendre de l'importance en Algérie. L'émeute, pour se faire entendre est en passe de devenir un comportement comme un autre. En fait, les troubles sociaux que connaît l'Algérie sont, de l'avis de nombreux observateurs, symptomatiques de l'urgence d'une demande sociale encore insatisfaite. Le prochain président aura à gérer un véritable chaudron, car d'aucuns estiment que le mécontentement ira en s'amplifiant.