Le moins que l'on puisse dire, c'est que la déclaration tant attendue de Mohamed Lamari a pris de court un groupe qui ne l'attendait plus. C'est au moment où les membres du groupe des dix entamaient leur rencontre, hier, au siège national du FLN, que la réponse tant attendue du chef d'état-major de l'ANP tombait. Pris de court, donc, les membres du groupe n'ont pas eu l'occasion de se pencher sur cette question. En revanche, nous avons pu joindre quelques-uns d'entre eux, hier, tard dans la soirée, pour apprendre que «le groupe ne peut que saluer le fait que le général-major Mohamed Lamari soutient la thèse développée par le groupe dès son premier manifeste». Explication: «Il est absolument acquis, comme soutenu aussi bien par le groupe que par certains de ses membres dans des déclarations individuelles, à l'instar de Taleb et Hamrouche, que la neutralité de l'Armée a été profitable au seul candidat-président puisque le restant des institutions, tant individuelles que collectives, ont publiquement affiché leur tendance partisane ou politique». Le groupe, donc, qui prévoyait de tenir sa prochaine rencontre mardi prochain au siège du RCD en signe de solidarité avec les tentatives de spoliation de son siège national à une poignée de jours de l'ouverture de la campagne électorale, compte carrément convoquer une rencontre extraordinaire dans les tout prochains jours afin, «d'apporter la réponse adéquate à une sortie aussi importante alors que le pays est à une si dangereuse croisée des chemins.» Le porte-parole du mouvement El-Islah, Ould Abdesselam, que nous avons également pu joindre hier par téléphone, a abondé dans le même sens. Aux yeux de ce parti, «il s'agit d'une déclaration très positive qui coupe court aux rumeurs colportées par le cercle présidentiel disant que l'Armée soutient Bouteflika». Notre interlocuteur ajoute que «le général-major Mohamed Lamari a ainsi définitivement mis les points sur les i». Pour ce qui est de la neutralité de l'administration, il ajoute qu' «il s'agit d'un second point positif puisqu'il rejoint la revendication de notre mouvement en attendant un troisième point, également positif, qui consiste à obliger l'administration à adopter un comportement neutre lors de cette campagne électorale». Globalement parlant, toute la classe politique donne l'air d'avoir été prise de court par cette sortie, préférant temporiser sa réaction au lendemain (aujourd'hui), après lecture complète de la déclaration dont seule la presse a eu copie, mais aussi de réunir leurs directions respectives. Nul doute, cependant, que la sortie de Mohamed Lamari va donner lieu à un nombre important de réactions, et même d'actions puisque le chef d'état-major en personne invite les walis à résister aux pressions dans l'exercice de leurs fonctions. Pour revenir à la rencontre d'hier, à propos de laquelle un communiqué est attendu aujourd'hui plusieurs points, apprend-on ont été à l'ordre du jour. Il s'agit, notamment, de l'élimination arbitraire et politique d'Ahmed Taleb Ibrahimi, de la manière avec laquelle s'est faite la collecte des signatures en faveur du candidat-président, des pressions exercées sur la société civile afin qu'elle prête allégeance à un second mandat de Bouteflika et, enfin, de la dernière sortie du président égyptien et de la réponse tardive de la diplomatie algérienne. Nous y reviendrons.