Les Palestiniens sont sans doute partis à Washington sans se faire trop d'illusions. Cependant, après la nouvelle provocation d'Israël, la question est inévitable. D'aucuns se demandent en fait, pourquoi l'Autorité palestinienne a-t-elle accepté de revenir s'asseoir autour d'une table avec les Israéliens - après trois années de boycott - alors que les choses n'ont pas évolué d'un iota? La question est également pertinente si l'on excipe du fait qu'Israël (les dirigeants israéliens) n'a jamais caché qu'il n'était pas prêt à céder sur aucun des principaux points qui configurent le contentieux israélo-palestinien: les frontières, la colonisation et les constructions de logements, le retour des réfugiés. Depuis l'accord d'Oslo de 1993 - qui s'est avéré être un accord de dupes - les négociations entre Israël et les Palestiniens ont eu pour seule finalité, non point d'assurer la paix et la concorde entre deux peuples, mais de faire gagner du temps à l'Etat hébreu. Cela se vérifie encore par une reprise à tout le moins aventureuse de négociations solidement coincées dans l'impasse où les ont égarées les oukases israéliens. Israël qui n'accepte de conseils de personne ne manque pas en revanche d'imposer son diktat à ses «amis» ou présumés ennemis. Pour dire que la reprise des négociations israélo-palestiniennes sont déjà mortes avant même que d'être amorcées. Le coup de grâce a été donné, dimanche dernier, par le ministre israélien du Logement, l'ultranationaliste religieux Uri Ariel. En marge de l'annonce faite le même jour de la publication d'un appel d'offres pour la construction d'un millier de logements dans les colonies en territoires palestiniens occupés celui-ci a dit - allusion aux critiques internationales considérant illégales la colonisation -«aucun pays au monde n'accepte de diktats d'autres pays sur les endroits où il peut construire ou pas» ajoutant «nous allons continuer de mettre des appartements sur le marché et de construire partout dans le pays». Quel pays? Israël? Les territoires palestiniens occupés sont-ils le «pays» auquel il se réfère? Si c'est le cas, à quoi rimerait alors le cirque de la reprise de «négociations» annoncées en grande pompe, alors que celles-ci n'ont pas bougé depuis 20 ans? Les déclarations du ministre israélien et l'annonce de l'appel d'offres interviennent à quarante-huit heures du retour à Washington des négociateurs palestiniens et israéliens. Si ces développements ont pour but de faire capoter les négociations, voire provoquer leur rupture de la part des Palestiniens, alors que font ces derniers dans la capitale US? Qu'en disent les parrains américains du processus de paix, qui n'ont pas réagi à la nouvelle provocation israélienne? Et ce n'est pas la première fois que cela a lieu. Il y a deux ans, Israël avait lancé un appel d'offres à la construction de logements à Jérusalem-Est occupée en pleine visite du vice-président états-uniens, Joe Biden. Le fait est établi, Israël ne respecte personne, pas même le pays qui le porte à bout de bras, lui assure l'impunité au Conseil de sécurité de l'ONU par ses veto et par une aide financière qui se chiffre en milliards de dollars. Que dit l'ONU qui s'est défaussé de sa mission qui reste celle d'aider les peuples sous le joug colonial à recouvrer leurs droits? Que dit le Quartette pour le Proche-Orient, qui s'est surtout signalé par un mutisme coupable, se dérobant à ses responsabilités envers la paix au Proche-Orient? Que dit ladite «communauté internationale» encore une fois tétanisée par la peur de dire ses vérités à Israël fomentateur de guerre au Moyen-Orient? Au début de ce mois, à la reprise des discussions entre Israël et les Palestiniens, nous écrivions sur ces mêmes colonnes: «Qui peut ignorer ou feindre ignorer les tenants et aboutissants d'un dossier qui interpelle les instances internationales depuis plus de six décennies? Comment croire, qui croira que les retrouvailles, entre Palestiniens et Israéliens travaillés au forceps par le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, aboutiront à plus ou moins long terme - forçons-nous à l'optimisme - à quelque chose de concret?» Nous ne croyons pas si bien dire. L'appel d'offres d'Israël pour de nouvelles constructions à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupées, montre en fait le mépris que ce pays affiche envers, outre son parrain américain, l'ONU et ladite «communauté internationale» lesquels ont démissionné face à l'arrogance de l'Etat hébreu, car assuré de l'impunité. En effet, qui osera mettre Israël face à ses devoirs et responsabilités? Impuissante face à Israël, ladite «communauté internationale» se rattrape en gonflant le torse face à l'Iran! Hélas!!