La politique étrangère «ne se fait pas à coups de slogans», a affirmé hier le président iranien Hassan Rohani dans une critique implicite à son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad, selon des propos rapportés par l'agence Isna. «La politique étrangère ne se fait pas à coups de slogans. Nous n'avons pas le droit d'utiliser la politique étrangère pour se faire applaudir. C'est un domaine très sensible et c'est la clé pour régler nos problèmes actuels», a déclaré M.Rohani lors d'une cérémonie de passation de pouvoir entre le chef de la diplomatie sortant, Ali Akbar Salehi, et son successeur, Mohammed Javad Zarif. Durant son double mandat de huit ans, Mahmoud Ahmadinejad était coutumier des déclarations chocs. Dans ses discours publics, il prédisait régulièrement la «disparition prochaine» d'Israël, ou qualifié de «papiers chiffonnés» les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies à l'encontre de l'Iran. Israël, seule puissance nucléaire du Moyen-Orient, et les Occidentaux accusent depuis plusieurs années Téhéran, qui dément, de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de programme nucléaire civil. Les négociations entre l'Iran et les grandes puissances (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne) sur le dossier nucléaire n'ont toujours pas abouti, mais doivent reprendre prochainement. Les sanctions occidentales imposées depuis début 2012 à l'Iran à cause de son programme controversé ont abouti à une baisse de 50% des exportations et des revenus pétroliers, provoquant une chute de la valeur de la monnaie nationale et une inflation d'environ 40%. «L'un des messages des électeurs lors de la présidentielle (du 14 juin, Ndlr) est qu'ils veulent un changement en politique étrangère. Cela ne veut pas dire un renoncement à nos principes mais plutôt un changement de méthode», a-t-il affirmé. «Nous allons défendre avec force nos intérêts nationaux mais cela doit se faire avec justesse, précision et rationalité (...) Si nous ne comprenons pas les questions et la réalité de ce monde, nous ne pouvons pas réussir en politique étrangère», a ajouté M.Rohani, avertissant que «toute erreur en politique étrangère coûtera très cher à la population». Hassan Rohani a affirmé la semaine dernière qu'il souhaitait mener des «négociations sérieuses sans perte de temps» avec les grandes puissances, sans pour autant céder sur les «droits indéniables» de l'Iran dans le domaine nucléaire, en particulier concernant l'enrichissement d'uranium, au centre des inquiétudes des Occidentaux.