Les Etats-Unis et leurs alliés européens et du Golfe étaient proches d'obtenir un accord entre les supporters du président islamiste déchu Mohamed Morsi et l'armée égyptienne il y a deux semaines avant que les violences n'éclatent, selon le Washington Post hier. Cet accord visait à appeler les défenseurs du chef de l'Etat destitué par l'armée le 3 juillet à abandonner leurs campements dans les rues du pays, en échange de la promesse des militaires de ne pas user de la force, précise le quotidien citant Bernardino Leon, l'émissaire de l'Union européenne en Egypte. L'accord était censé conduire à des pourparlers entre les autorités intérimaires et les Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi. Mais le vice-président par intérim et prix Nobel de la Paix Mohamed El Baradei, qui soutenait le compromis, n'a pas réussi à convaincre le chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi, selon M.Leon. M.El Baradei a finalement démissionné mercredi. Le gouvernement, soutenu par la toute puissante armée, a ainsi rejeté le projet d'accord et appelé à réprimer les manifestations des supporters de l'ancien président, selon le quotidien américain. Une décision qui a entraîné la mort de centaines de personnes et des heurts meurtriers dans tout le pays. Au moins 173 personnes ont encore été tuées depuis vendredi dans toute l'Egypte dans les violences entre manifestants et forces de l'ordre. L'accord induit par les Etats-Unis et leurs alliés avait été proposé après des semaines de discussions, lobbying et visites au Caire de diplomates, dont Bernardino Leon, le secrétaire d'Etat adjoint américain William Burns, et les ministres des Affaires étrangères du Qatar et des Emirats arabes unis, selon le Post. «Il s'agissait d'un compromis global simple que nous quatre soutenions», explique M.Leon au quotidien. Ces deux Etats du Golfe, ainsi que l'Arabie saoudite et le Koweït, envoient plus d'argent que les Etats-Unis à l'Egypte, notent des responsables cités par le Post. Le Qatar est notamment un des principaux soutiens des Frères musulmans. «Il est normal que nous communiquions avec ces pays car ce sont eux qui jouent un rôle, qui ont des relations importantes en Egypte», justifie dans l'article un haut responsable américain sous couvert d'anonymat.