Dans un discours adressé mardi dernier au peuple marocain à l'occasion du 60e anniversaire de la Révolution du roi et du peuple, le souverain chérifien a évité d'envenimer les relations algéro-marocaines. Le souverain marocain a-t-il enterré la hache de guerre? La question se pose d'autant plus que les campagnes médiatiques et les attaques verbales contre l'Algérie étaient devenues une constante pour le pouvoir marocain et certains responsables de partis politiques qui se sont même risqués jusqu'à revendiquer des territoires algériens (le secrétaire général de l'Istiqlal, Hamid Chabat, n'avait-il pas affiché publiquement ses désirs d'annexion de Tindouf, Béchar et Kénadssa.) sans que cela ne fasse réagir le palais. Un silence qui s'apparentait à une complicité confirmée à l'occasion du discours prononcé par Mohammed VI à l'occasion du 14e anniversaire de son accession au trône, où il ne s'est pas empêché de souligner la «responsabilité de l'Algérie» dans le conflit du Sahara occidental qui oppose le Maroc au Front Polisario depuis 1975. «Nous relevons... que la dernière résolution du Conseil de sécurité... met particulièrement l'accent sur la dimension régionale de ce différend et souligne la responsabilité de l'Algérie, en tant que partie concernée par ce litige, tant au niveau politique que sur le plan juridico-humanitaire touchant à la situation dégradante qui prévaut dans les camps de Tindouf», avait déclaré, le 30 juillet 2013, le monarque alaouite. Ce qui a contraint une source diplomatique à lui répondre. «Il s'agit d'affirmations totalement infondées car la résolution 2009 (2013) sur le Sahara occidental adoptée le 25 avril 2013 par le Conseil de sécurité à laquelle se réfère ce passage du discours en question, interpelle 21 fois les «parties» au conflit, à savoir le Royaume du Maroc et le Front Polisario», a-t-elle confié à L'Expression sous le sceau de l'anonymat. «Cette résolution indique clairement que l'envoyé personnel du secrétaire général pour le Sahara occidental, Christopher Ross, mène une action de facilitation des négociations entre le Maroc et le Front Polisario et qu'il mène des consultations avec les Etats voisins. Ces derniers interagissent, notamment avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés sous le seul angle visant le renforcement des mesures de confiance entre les deux parties au différend», avait tenu à préciser notre source. Il faut rappeler que cette intervention de Mohammed VI s'est faite dans le sillage d'une féroce campagne médiatique orchestrée par l'agence de presse officielle marocaine. «En s'attaquant au Maroc, à travers une presse inféodée, le régime algérien veut encore faire croire au danger que constitue le grand voisin de l'Ouest» écrivait, au mois de juillet, la MAP. Le message du président de la République adressé au souverain marocain dit tout le contraire. «Il m'est particulièrement agréable, au moment où le Royaume marocain célèbre le 13e anniversaire de votre intronisation, de vous adresser, au nom du peuple et du gouvernement algériens et en mon nom personnel, mes chaleureuses félicitations et mes meilleurs voeux, priant Dieu Tout-Puissant de vous accorder ainsi qu'à votre honorable famille santé et bien-être et au peuple marocain frère davantage de progrès et de prospérité sous votre direction éclairée», a écrit Abdelaziz Bouteflika. Mohammed VI l'a-t-il reçu cinq sur cinq? Son discours prononcé mardi dernier indique, en tout cas, qu'il a décidé de lever le pied...