Même si les responsables politiques à Rabat insistent dans leurs discours sur la marocanité du Sahara occidental pour les besoins de la paix sociale menacée par la paupérisation et la montée d'un islamisme violent. Après avoir échoué dans ses multiples tentatives de convaincre la communauté internationale du “bien-fondé” de son projet d'autonomie et après que le Conseil de sécurité des Nations unies s'est prononcé en faveur de l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental, voilà que le roi Mohammed VI lui-même affirme, à l'occasion du 8e anniversaire de son accession au trône, l'irréversibilité de l'annexion de l'ancienne colonie espagnole au royaume chérifien. Pas d'indépendance ni même d'autodétermination qui devraient laisser le choix libre au peuple sahraoui d'opter pour telle ou telle solution. Pour le souverain marocain, seul le plan d'autonomie est à même de régler ce conflit vieux de plus de trente ans. En adoptant cette position radicale, Mohammed VI signifie d'abord à l'Organisation des Nations unies qu'il n'a pas l'intention de se conformer à la légalité internationale. Ensuite, c'est un message adressé aux négociateurs sahraouis qui doivent rencontrer, les 10 et 11 août prochain, leurs homologues marocains en vue d'aborder la question de l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental. En fait, à dix jours de ce second round des pourparlers Maroc-Font Polisario, Mohammed VI durcit le ton et fait remonter le temps comme si aucun accord de paix n'a été signé avec le Front Polisario. En qualifiant son projet “d'opportunité historique”, le roi veut tout simplement entériner par la force un cas avéré de colonisation au moment où ce thème constitue l'un des dossiers les plus chauds de l'heure. Il est vrai que dans le cas du Maroc, les soutiens d'un certain lobby dans l'administration Bush, l'appui prononcé des Espagnols et des Français arrangent bien les choses, du moins pour le moment. Mais, cette situation qui pourrait être bénéfique à court terme ne peut l'être indéfiniment même si les responsables politiques à Rabat insistent dans leurs discours sur la marocanité du Sahara occidental pour les besoins de la paix sociale menacée par la paupérisation et la montée d'un islamisme violent. La question du Sahara occidental, prise en charge dans le cadre des résolutions des Nations unies, est considérée comme le dernier cas de décolonisation. À partir de là, les gesticulations chérifiennes en vue de gagner du temps ne sauraient cacher la réalité, celle-là qui voudrait que face à un peuple opprimé qui aspire à sa liberté, il est forcement clair que tôt ou tard, ses bourreaux sont contraints, par la force des choses, des évènements et de la logique de l'histoire, de céder. S. T.