De nombreux militants franchissent le seuil, accueillis par le sourire jovial de Benflis. Entre deux appels téléphoniques, M.Mimouni, directeur de communication dans le staff de Ali Benflis, passe sans transition aux antipodes du self-control. De l'euphorie au calme olympien il tranche avec les faux panaches qui tiennent lieu de facilité. Pour lui, le jour V signifie le jour du vote, le 8 avril, et le jour de la victoire. A J - 4 du début officiel de la campagne électorale, la permanence du FLN sise à Hydra s'emballe. «Nous sommes comme à la veille d'une fête», fait remarquer Smaïl Saïdani membre de la cellule de communication. M.Saïdani, membre fondateur du parti non agréé El Badil a déjà fait l'expérience des campagnes à la présidentielle par deux fois. La première, menée à terme, en 1995 avec Norredine Boukrouh et la seconde, non achevée, avec le même candidat éliminé durant la phase de la collecte des 75.000 signatures en 1999. «C'est ce capital d'expérience que nous mettons au service de M.Benflis et notre parti El Badil s'est engagé armes et bagages avec lui depuis le début», confie-t-il. C'est au rythme des sonneries de portables, des bruits de pas dévalant les escaliers que le QG de campagne du candidat du FLN s'anime. Des ruches de militants et de sympathisants franchissent le seuil accueillis par un large poster. Sur fond bleu, Benflis, au sourire remarquablement jovial, semble tendre l'oreille aux rumeurs et capter les électeurs. «Pour que l'espoir revienne», c'est le slogan officiel de la campagne. Tous les bureaux sont en alerte. On corrige les affiches, on scrute les dernières impressions, on passe en revue les différents slogans et on oriente les comités de soutien opérationnels sur le terrain. Penché sur une feuille, M.Saïdani répartit les créneaux et les volumes horaires réservés à son candidat à la radio et la télévision. «On doit désigner aujourd'hui (hier Ndlr) les intervenants à la télévision et à la radio», précise-t-il. Le premier contingent a déjà chargé son quota de posters. «Il faut commencer par les premiers points où seront animés les meetings.» De Bouira à Ouargla, la première wilaya n'est pas encore définie ou tout au moins elle est gardée secrète. «On n'est pas du genre à regarder l'herbe pousser sous nos pieds en s'imaginant qu'on va nous rapporter la victoire sur un plateau», lâche un militant, les bras chargés d'affiches et de posters du candidat. Submergé par les appels du directeur de campagne, M.Sallat, et par les appels téléphoniques des différents bureaux de wilaya, Mimouni s'en réjouit: «Nous nous appuyons sur les structures du parti éparpillées sur tout le territoire national.» Un autre membre de la cellule d'organisation et d'animation ajoute: «Ce sont nos militants qui prennent en charge les frais de cette campagne, nous avons un comptable et un commissaire aux comptes qui fera le bilan à la fin de cette campagne.» Sous le coup d'une décision de justice qui frappe leur parti, les animateurs de cette campagne semblent boostés par cette épreuve. «La décision de justice n'a jamais fait mention de structures du parti et si certains se hasardaient par aventure à venir nous perturber, nos militants les attendent de pied ferme.»