L'assistance a eu droit à un véritable déluge de chiffres élogieux. Tayeb Louh a animé, hier, une conférence-débat au forum d'El Moudjahid pour faire le bilan de son secteur durant le quinquennat de Bouteflika. Durant près de deux heures, l'assistance a eu droit à un véritable déluge de chiffres élogieux. Les débats qui ont suivi révèlent du coup que la situation n'est pas aussi reluisante. Ainsi, un représentant des travailleurs dans une unité de production pharmaceutique soulève le problème du remboursement. L'intervenant interpelle le ministre pour prendre en charge le remboursement d'un produit de cette unité qui risque de fermer ses portes. En guise de réponse, Louh indique que seuls les experts en la matière sont habilités à désigner le produit remboursable. Dans ce sens, il suggère à son interlocuteur de solliciter des spécialistes en pharmacie pour savoir si le produit répond aux critères d'un médicament essentiel. Le même problème a été posé par deux jeunes travailleurs dans une usine à Blida et qui ont été licenciés il y a quinze jours. Aujourd'hui, les deux chômeurs demandent ou la réintégration ou l'indemnisation. D'après leur réclamation, ils ont été mis à la porte parce que le produit pharmaceutique de cette unité n'est pas remboursé. En effet, sans le remboursement, l'entreprise est dans l'incapacité d'assurer le salaire de ses travailleurs. «Voilà, on est victime d'un problème qui oppose les responsables de l'entreprise aux autorités. Mais quel est notre tort dans cette histoire?» s'interroge un père de famille et qui travaillait depuis trois ans dans cette unité. Dans sa réponse, Louh reconnaît que l'indemnisation ne concerne que ceux qui ont plus de trois ans d'exercice. Pour redonner espoir aux deux jeunes, le ministre leur recommande de s'approcher de l'inspection de travail pour étudier leur cas. Concernant les travailleurs licenciés mais qui bénéficient d'une décision de justice pour leur réintégration, Louh tient à préciser que seules les décisions de la juridiction civile sont reconnues par son département. «Le pénal ne donne nullement droit au travailleur de regagner son poste de travail», déclare-t-il en annonçant que 991 cas de justice ont été réglés. Pour ce qui est du bilan 1999/2004, le conférencier s'est livré à un exposé de statistiques où aucune insuffisance ni lacune ne sont signalées. Le premier volet abordé concerne le pouvoir d'achat qui se caractérise en 2003 par la baisse de l'inflation à 2,6 %. En même temps, le revenu disponible des ménages a progressé de 27 %. Cela a permis, selon l'orateur, l'augmentation de la consommation de 21%. L'épargne a doublé durant ces quatre ans. S'agissant des salaires dans la fonction publique, le ministre rappelle une hausse de 15 % en 2001. D'autre part, les magistrats, les enseignants universitaires et ceux de l'éducation ont bénéficié d'une augmentation ces deux dernières années. Enchaînant avec des chiffres, Louh indique que le chômage a reculé de 6 % et que 1.237.450 postes d'emploi ont été créés. Pour corroborer ses dires, le conférencier précise que la Cnas a enregistré 854.289 nouveaux inscrits. Toujours dans ce chapitre, le ministre ajoute que cette initiative a marqué la création de 104.441 nouveaux employeurs dont 1 629 dans le secteur public. Dans la perspective d'un deuxième mandat de Bouteflika, Louh propose, pour lutter contre le marché informel, la création d'un organisme intersectoriel où collaborent les ministères du Travail, de l'Intérieur, du Commerce et de la Justice.