Ces statistiques approximatives ont été révélées hier lors du Forum d'El Moudjahid par l'inspecteur du travail de la wilaya d'Alger. Pour ce qui est des maladies professionnelles, la surdité est en pole position. Reportée à deux reprises, la table ronde sur la médecine du travail et les risques professionnels s'est finalement tenue hier au centre de presse d'El Moudjahid. Si ce n'étaient les questions posées lors des débats, la rencontre aurait été un non-événement. En effet, les quatre intervenants représentant le ministère du Travail, la Cnas et l'Institut national de prévention des risques professionnels se sont contentés de donner un aperçu sur la loi-cadre et la réglementation en vigueur dans ce domaine. Ils ont saisi cette opportunité pour soutenir que l'Algérie est l'un des rares pays salué, voire “félicité” par le BIT pour ses rapports sur la prévention sur les accidents de travail. Interrogé à maintes reprises par les journalistes sur les dernières statistiques relatives aux accidents enregistrés sur les lieux de travail, la représentante de la Cnas rétorque : “Nous n'avons pas encore fait une évaluation. Même si je donne des chiffres, ils ne seront pas complets car nous faisons des bilans trimestriels et le 2e trimestre, nous ne l'avons pas encore fait.” Point de chiffres du côté des animateurs du forum. C'était sans compter sur le hasard qui fait parfois bien les choses. Le hasard a voulu que l'inspecteur du travail de la wilaya d'Alger soit parmi l'assistance. L'insistance des journalistes pour avoir des bilans chiffrés ne l'a pas laissé indifférent. “Dommage la rencontre a été préparée à la hâte, vraisemblablement. J'aurais pu préparer quelque chose de consistant mais on n'y a pas été convié”. M. Djida, inspecteur du travail de la wilaya d'Alger, révélera que pas moins de 600 accidents de travail dont 4 mortels ont été enregistrés en 2010. Et de préciser : “Ce chiffre peut se révéler plus important mais je suis sûr qu'il ne sera pas plus bas. La Cnas nous informe de tous les accidents de travail enregistrés à son niveau”. Interrogé sur les secteurs les plus touchés par ces accidents, M. Djida nous dira qu'il s'agit, comme il fallait s'y attendre, de celui du bâtiment, de l'industrie et des services. “Les 4 cas mortels ont été recensés au niveau des secteurs du bâtiment et de l'industrie.” Selon l'orateur, les chiffres sont “en baisse” car des efforts sont déployés par la tutelle et les professionnels. Il posera le problème des travailleurs non déclarés et qui sont victimes d'accidents de travail. “Ceux-là sont immédiatement déclarés par l'Inspection du travail qui prend en charge tous les frais et poursuit en justice l'employeur”. Et de révéler que “pas mois de 200 dossiers dénonçant les conditions de travail sont au niveau de la justice”. La surdité professionnelle en pole position des maladies L'Algérie compte pas moins de 85 tableaux de maladies professionnelles. Ces tableaux sont réactualisés au fur et à mesure de la survenue ou de la découverte de nouvelles pathologies liées au milieu professionnel. Interrogé sur les raison de la non-actualisation de ce listing, la directrice de l'Institut national de prévention des risques professionnels dira que “la raison est toute simple, nous n'avons pas eu de déclaration de maladie non encore classée dans ce tableau”. Pourtant beaucoup de maladies émergentes ont été recensées par les professionnels. La conférencière cite notamment les effets néfastes auxquels s'exposent les informaticiens ou encore les enseignants qui souffrent des cordes vocales à force d'élever la voix. Reste que la surdité professionnelle est la maladie contractée au milieu du travail la plus fréquente. D'ailleurs un programme d'action a été établi par les services compétents en vue de renforcer la prévention dans ce domaine et réduire le nombre de victimes. “Nous faisons des contrôles et des tests pour évaluer le degré de nuisance sonore. S'il dépasse les 80, il faut impérativement prendre des mesures de protection à même d'atténuer les risques”. Le travail des enfants est un choix parental Abordant lors des débats le travail des enfants, la représentante du ministère du Travail dira en substance que “ce phénomène n'est pas très répandu en Algérie comparativement à nos voisins. Les enfants scolarisés le font pendant les vacances scolaires en vue de ramasser un peu d'argent et ceux qui ne le sont pas et travaillent à longueur d'année, le font au su et au vu des parents. C'est donc un choix parental”. Et d'ajouter que les enfants qui travaillent ne sont pas forcément issus de familles démunies ou dans l'extrême misère. C'est en fait leur seule occupation à défaut d'une quelconque formation. Le journaliste et les maladies professionnelles Mis à part le fameux stress, quels sont les maladies professionnelles et accidents auxquels fait face le journaliste ? La question posée par un journaliste aux intervenants suscite l'intérêt de la directrice de l'Institut national de prévention des risques professionnels qui répond tout de go : “Demandez à votre employeur de se rapprocher de notre organisme en vue de lancer une étude sur les risques de ce métier.” Et d'ajouter: “À vous de nous dire quelles sont les contraintes auxquelles vous faites face.” Elle finira par conclure que le journaliste n'est pas menacé par une maladie spécifique mais est exposé à tous les risques communs et maladies communes. Sa santé dépend en fait des conditions et de l'ambiance de travail. À bon entendeur...