La Russie a appelé les autorités syriennes à coopérer avec les experts de l'ONU pour faire la lumière sur l'attaque chimique présumée dans une banlieue de Damas, a rapporté hier le ministère russe des Affaires étrangères sur son site officiel. "La partie russe a exhorté le gouvernement syrien à collaborer avec les experts des Nations unies. Pour sa part, l'opposition doit garantir un accès sûr de la mission sur les lieux de l'incident présumé", lit-on sur le site. Mercredi 21 août, des médias citant des défenseurs des droits de l'Homme ont rapporté que les forces gouvernementales syriennes avaient lancé une attaque chimique dans une banlieue de Damas, faisant plus de 600 morts. La Coalition nationale de l'opposition syrienne affirme pour sa part que le nombre de morts a atteint 1 300 personnes. Les autorités syriennes et le commandement militaire du pays ont ensuite démenti ces informations. Par la suite, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a demandé au gouvernement syrien d'autoriser les inspecteurs de l'Onu en mission en Syrie à se rendre sur les lieux de l'attaque.
L'Iran rejette les accusations de l'opposition L'Iran a rejeté les accusations de l'opposition syrienne sur un recours par ce régime à des armes chimiques dans une attaque meurtrière près de Damas, selon l'agence officielle Irna. Si l'information concernant l'utilisation d'armes chimiques est exacte, très certainement elles ont été utilisées par les groupes terroristes et takfiris (extrémistes sunnites) qui ont montré qu'ils ne reculaient devant aucun crime, a déclaré le chef de la diplomatie, Mohammad Javad Zarif, en allusion aux rebelles qui se battent pour la chute du régime syrien. Alors que les inspecteurs des Nations unies sont à Damas et que le gouvernement syrien est en train de faire reculer les terroristes, comment pourrait-il commettre un tel acte ?, s'est interrogé le chef de la diplomatie iranienne. M. Zarif a accusé les groupes rebelles syriens, en affirmant que les groupes terroristes ont tout intérêt à aggraver et internationaliser la crise. Il a par ailleurs précisé que l'Iran était en contact avec le gouvernement syrien pour examiner les différents aspects de cette question. Il a aussi rappelé que Téhéran condamne vigoureusement toute utilisation d'armes chimiques.
L'Europe prête à intervenir sans l'accord de l'ONU L'Occident a évoqué pour la première fois "l'usage de la force" en Syrie, sans prendre en compte la position du Conseil de sécurité des Nations unies, a écrit hier le quotidien Kommersant. Cette annonce fait suite au blocage, par Moscou, du message du Conseil de sécurité adressé aux autorités syriennes exigeant d'autoriser les inspecteurs internationaux à examiner les lieux de la récente attaque chimique. L'opposition syrienne a affirmé que le président Bachar al-Assad avait fait coïncider l'utilisation de l'arme chimique avec l'arrivée des inspecteurs de l'Onu, espérant que les rebelles seraient tenus pour responsables. Selon le ministère russe des Affaires étrangères, les informations sur l'implication de l'armée d'al-Assad dans l'attaque sont une "provocation" et les experts interrogés y voient plutôt un acte de la "troisième force" - les islamistes radicaux. "Si le Conseil de sécurité de l'Onu ne peut pas prendre de décisions, elles doivent être prises d'une autre façon", a averti hier le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, ajoutant que "l'usage de la force" serait nécessaire si l'utilisation de l'arme chimique était confirmée. Cette annonce a suivi la réunion extraordinaire du Conseil de sécurité sur le projet de communiqué à adresser aux autorités syriennes pour qu'elles fournissent aux inspecteurs de l'Onu l'accès à la Ghouta, à l'est de Damas. C'est à cet endroit, selon l'opposition syrienne, que l'armée gouvernementale aurait employé l'arme chimique dans la nuit de mardi à mercredi, tuant 1 300 personnes. L'attaque en elle-même est confirmée par des dizaines de vidéos, de photos et de témoignages. Quant aux responsables de cet acte, les avis divergent. "Al-Assad joue depuis longtemps la même comédie : lorsque les observateurs internationaux arrivent dans le pays, il lance des opérations militaires contre sa population car il sait qu'au final on fera porter le chapeau à l'opposition", a déclaré Mahmoud al-Hamza, porte-parole du Comité de soutien à la révolution syrienne en Russie. Cette fois, selon ses propos, les inspecteurs de l'Onu ont été autorisés à visiter seulement trois sites et ils ne se rendront pas dans la banlieue de Damas frappée par l'attaque chimique - d'autant que le communiqué adressé à Damas a été bloqué par la Russie et la Chine et n'a donc pas été approuvé par le Conseil de sécurité. La Russie doute que les autorités syriennes aient utilisé l'arme chimique. Selon le porte-parole de la diplomatie russe Alexandre Loukachevitch, il s'agit d'une "provocation" qui vise à "obtenir à tout prix un prétexte pour exiger du Conseil de sécurité qu'il passe du côté des opposants syriens et sape les chances d'organiser la conférence de Genève. Le diplomate souligne que le missile a été lancé depuis un territoire contrôlé par les rebelles. "L'armée syrienne libre contrôle effectivement l'oasis de Ghouta mais ne peut pas utiliser l'arme chimique contre ses propres hommes, rétorque Hamza. Il serait plus logique d'envoyer ces missiles dans les régions contrôlées par le gouvernement ou d'attaquer les positions des militaires." Vladimir Sotnikov, expert au Centre de sécurité internationale à l'Institut d'économie mondiale et des relations internationales de Moscou, reconnaît qu'il n'est pas favorable, pour l'opposition, d'utiliser l'arme chimique maintenant. "L'opposition, soutenue financièrement et militairement par l'Occident, n'aurait pas provoqué la communauté internationale, qui plus est au cours d'une visite des observateurs", a-t-il expliqué. Toutefois, selon l'expert, les autorités ne sont probablement pas non plus impliquées car à l'heure actuelle "l'initiative est entre leurs mains". Dans ce sens, l'expert suppose qu'une "troisième force" en serait responsable, par exemple le Front al-Nosra ou une autre organisation islamiste. Dans ce cas, l'usage de la force en Syrie mentionnée par Fabius deviendrait de plus en plus réel. Néanmoins, Vladimir Sotnikov pense que le ministre français "met en garde Assad" une nouvelle fois car ni les Européens ni les Américains ne sont prêts à s'ingérer dans la gravissime crise syrienne. Les opposants syriens semblent également avoir perdu tout espoir de recevoir une aide extérieure directe. "Aujourd'hui Fabius dit une chose, se plaint Hamza. Et dans une semaine il l'oubliera."
Genève 2: rencontre russo-américaine sur la Syrie le 28 août Des négociations russo-américaines sur la préparation de la conférence de paix internationale sur la Syrie de Genève 2 auront lieu le 28 août à La Haye, a annoncé le porte-parole de la diplomatie russe Alexandre Loukachevitch. "Conformément aux ententes enregistrées récemment entre les chefs de diplomatie russe et américain, une nouvelle rencontre de travail est prévue le 28 août à La Haye dans le cadre de la préparation de la conférence internationale sur la Syrie", a déclaré M.Loukachevitch devant les journalistes à Moscou. Et de préciser que, côté russe, elle impliquerait le vice-ministre des Affaires étrangères Guennadi Gatilov et le représentant spécial du chef de la diplomatie russe pour le Proche-Orient Sergueï Verchinine, et que la partie américaine serait représentée par la sous-secrétaire aux Affaires politiques Wendy Sherman et l'ambassadeur des Etats-Unis en Syrie Robert Ford. La rencontre de La Haye fera suite au processus amorcé par un accord international signé à Genève le 30 juin 2012, mais jamais appliqué, dessinant les contours d'une transition politique en Syrie. La conférence Genève 2 devrait réunir à une même table des responsables du régime syrien et de l'opposition pour tenter de trouver une solution politique négociée entre Damas et la rébellion.
Tous les problèmes techniques et logistiques réglés Tous les préparatifs techniques et logistiques en vue de la conférence internationale sur la Syrie Genève 2 sont terminés, seul l'accord des autorités et de l'opposition syriennes à y participer est désormais nécessaire, a déclaré hier le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon, en visite à Séoul. "Tous les préparatifs techniques et logistiques sont terminés. Il ne nous reste qu'à attendre le moment où nous et les parties serons prêts à participer (à la conférence)", a déclaré le secrétaire général. Selon lui, il entend convoquer la conférence Genève-2 avec la participation de l'ONU "le plus tôt possible". Assad remanie son gouvernement Le président syrien Bachar el-Assad a décidé de remanier le gouvernement du pays en nommant six nouveaux ministres, a annoncé jeudi l'agence SANA, sans préciser les causes de cette décision. Le remaniement concerne principalement le bloc économique du gouvernement. De nouveaux dirigeants ont pris la tête des ministères de l'Economie et du Commerce extérieur, de l'Industrie, du Commerce intérieur, du Tourisme et de l'Enseignement supérieur. Le gouvernement remanié comprend également un ministre sans portefeuille. Il s'agit des ministres de l'Enseignement supérieur Malek Ali, de l'Economie et du commerce extérieur Khodr Orfali, de l'Industrie Kamaleddine Tohmé, du Commerce intérieur Samir Amine, du Tourisme Bachir Yazigi et un secrétaire d'Etat sans portefeuille Hassib Chamas. L'opposant qui a rejoint le gouvernement, Qadri Jamil, reste vice-Premier ministre mais perd le portefeuille du Commerce. Le chef de l'Etat a procédé à cinq remaniements ministériels depuis le début de la révolte contre son régime en mars 2011. Le dernier remonte à février 2013. En août 2012, il avait dû changer de Premier ministre après la défection de Riad Hijab.