Rares sont les inculpés recherchés par la justice. Une fois pris, fini la réaction... Les deux jeunes présumés voleurs avaient cessé de rigoler lorsque Nassima Saâda, la juge de Boufarik avait débuté les débats par cette question: «Alors, qu'aviez-vous volé?» En même temps, les deux jeunes détenus qui faisaient l'objet d'une peine d'emprisonnement ferme appuyée d'un mandat d'arrêt avaient constitué deux conseils: Maître Bachir Chérif et Maître Zohra Mimouni. Cette dernière s'écriera autour de l'absence de Razika et Fatma, les deux présumées pseudo-victimes. L'avocate avait protesté en prenant appui autour des déclarations contradictoires des victimes: «Nous avons des mots entrelacés de flagrantes inepties, le tribunal ne peut pas se laisser abuser!» dit-elle, les yeux écarquillés comme ceux d'une merlan frit... Maître Bachir Chérif, pour le deuxième inculpé, à lui aussi mis l'accent sur le faux pas des victimes. «Elles ont déposé plainte et raconté n'importe quoi. Pourquoi donc ne sont-elles pas ici pour affronter leurs bourreaux. Pourquoi le ministère public n'étale pas les preuves palpables, solides? Le tribunal correctionnel n'est pas celui de l'intime conviction.» Si des preuves tangibles ne sont pas étalées ici, maintenant, le dossier peut être refermé, car vide et c'est là où vous devez intervenir en rendant le verdict qu'il faut surtout que mon client ait été jugé par défaut et donc c'est aujourd'hui qu'il se défend. Il a des arguments en béton, de quoi démolir des procès-verbaux douteux dans leur transcription car on ne peut pas dire une chose et son contraire!», s'était écrié le jovial avocat nullement impressionné par le regard de feu de Yasmina Lamia-Zerdoumi, la procureure qui a dû tourner sept fois la langue pour ne pas répliquer, préférant laisser Saâda la présidente filer vers la vérité surtout qu'elle avait posé doucement de très bonnes questions, sans se faire trop d'illusions, connaissant l'entêtement de certains jeunes inculpés détenus ayant appris, durant même une courte détention préventive à tenter de trouver des échappatoires et nier... La magistrate du siège avait déjà suivi une dizaine d'interventions sèches dont celles de Maître Amine Morsli, Maître Fadila Oukal, Maître Mustapha Oukid, Maître Chabane junior avait fait un tabac avec une plaidoirie de vingt-huit minutes, SVP. Et en suivant ces interventions, Saâda savait à quoi s'en tenir avec ce dossier de vol, fait prévu et puni par l'article 350 du Code pénal et qui a vu deux jeunes voleurs, Hamza, 43 ans et Mokhtar R. 25 ans, comparaître en citation directe. D'ailleurs, le «350» dispose depuis l'aménagement de cet article via la loi n°06-23 du 20 décembre 2006 que: «Quiconque soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient pas est coupable de vol et puni d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 100.000 à 500.000 DA. La même peine est applicable à la soustraction frauduleuse d'eau, de gaz et d'électricité. Le coupable peut, en outre, être frappé pour un an au moins et cinq ans au plus de l'interdiction d'un ou plusieurs des droits mentionnés à l'article 9 bis 1 et d'interdiction de séjour dans les conditions prévues aux articles 12 et 13 de la présente loi. La tentative du délit prévue à l'alinéa précédent est punie des mêmes peines que l'infraction couronnée.» Remarquons au passage que quelles que soient les peines prononcées, les malfaiteurs ne vont jamais purger à cause des mesures de grâce prononcées à chaque grand événement. Ce qui donne cette situation cocasse qui voit des détenus «graciés» pris le même jour de leur libération! La victime s'était présentée au commissariat pour déposer plainte et énumérer le vol au domicile, d'un micro-ordinateur, de bijoux, une somme en dinars ainsi que des appareils électroménagers et des mobiles phones. Le procès se déroula par défaut à l'encontre de l'inculpé qui a écopé d'une peine d'emprisonnement ferme de deux ans et d'une mandat d'arrêt lancé à son encontre. Le délit reposait sur trois piliers: le matériel i-e, le vol, le lieu du méfait et le moral. Le refus d'être entendu par la police a poussé la conviction du tribunal que Hamza était bel et bien coupable et donc n'avait pas d'arguments solides qui prouvent son innocence. Quant à Mokhtar R., il a été condamné à une peine d'emprisonnement ferme de deux ans et une amende de 200.000 dinars et une contrainte de corps accompagnant le mandat d'arrêt. Mais ce mercredi, le procès reprit de nouveau et les deux avocats jouèrent un grand rôle qui poussera Saâda à relâcher les deux pauvres bougres...