La littérature canadienne d'expression française: tel était le thème débattu au 52e café littéraire de la BN du Hamma. Poursuivant son entreprise d'ouverture sur le monde et la connaissance de sa diversité culturelle, la Bibliothèque nationale d'El Hamma a organisé dans le cadre de la coopération internationale son 52ème café littéraire ce lundi. Cette rencontre culturelle a été animée par l'écrivain canadien MmeYannick Gasquy-Resch, professeur à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence (France). Elle a entretenu l'assistance de la littérature canadienne d'expression française. Cette rencontre-débat a été accompagnée d'une lecture de texte de l'auteur. Au cours de son intervention, Mme Gasquy-Rech dira que «les littératures canadiennes francophones ont des convergences thématiques avec la littérature maghrébine d'expression française». Le Pr. Gasquy-Resch a précisé que «cette similitude des thèmes ne pouvait s'expliquer qu'en positionnant ces littératures à travers leur contexte géographique, historique et socio-politique». En effet, afin de circonscrire la problématique inhérente à la compréhension de l'imaginaire des littératures françaises du Canada, cette enseignante a mis d'abord en exergue les pôles topographiques de la francophonie de ce pays, notamment les provinces du nord, l'Est occupé par les Acadiens, premiers Français à être arrivés en Amérique du nord en 1604, ainsi qu'au Québec le long du fleuve Saint-Laurent. L'auteur dira à ce propos «ce qui caractérisera l'imaginaire des écrivains (Canadiens), ce sera l'immensité du Canada, sa beauté, sa nature sauvage, ses lacs, ses forêts qui incitent au rêve en nourrissant tout un imaginaire.» La donnée sociologique, sera soulevée par Mme Gasquy-Resch qui expliquera que cet imaginaire puise également sa richesse dans la pluriculturalité de la communauté canadienne diversifiée, composée de Français, d'Anglais, d'Américains et tout récemment de Maghrébins. Tout en ajoutant «ce creuset a permis aux écrivains canadiens d'expression française de s'ouvrir vers les autres, d'autant qu'il y a également l'existence d'autochtones, tels les Amérindiens, les esquimaux». Pour Yannick Gasquy-Resch, cette réalité a engendré chez ces écrivains, la nécessité d'une démarche et d'une réflexion identitaires. Définissant ces littératures canadiennes d'expression française au plan historique, elle relève que celles-ci sont récentes par rapport à la littérature française et n'existent seulement que depuis 160 ans. Cette démarche donnera alors naissance à une littérature du terroir, qui privilégiera les valeurs ancestrales : amour de la terre, religion catholique, solidarité entre les membres de la communauté. Un courant se développera plus tard dans l'imaginaire des écrivains, donnant naissance à la littérature de voyage, qui célébrera la vie libre «l'écriture se mettant de plus en plus en place « souligne- t-elle. Dans les années 1970, après une revendication à caractère linguistique des minorités, les lois ont été standardisées et la place de la langue qui va libérer les écrivains reconnue. Aujourd'hui, ces derniers, assurés de leur identité, se sont tournés, selon elle, du côté de l'Amérique du Nord. Mme Gasquy-Resch est docteur es-lettre, rappelons-le, de l'université d'Aix-en-Provence. Sa thèse porte sur «L'imaginaire de la ville de Montréal dans la fiction Québécoise 1940-1980». L'auteur a aussi reçu la distinction de «Chevalier» de l'ordre des palmes académiques français.