«La loi sera appliquée à ceux qui veulent créer le chaos dans le pays». Lors de la conférence de presse qu'il a animée hier au centre de presse, le chef du gouvernement s'est voulu offensif sur de nombreuses questions, notamment celles relatives à la suspicion de fraude qui entache la prochaine élection présidentielle. Tout en jouant de subtilité, dont il a le secret pour répondre à ses détracteurs, Ahmed Ouyahia a fait montre d'une grande fermeté quant à la menace proférée par le candidat Benflis d'investir la rue. «La loi sera appliquée à ceux qui veulent créer le chaos dans le pays», a-t-il lancé en réponse à une question relative à la fameuse phrase de l'ancien chef de gouvernement qui a évoqué «un nouveau novembre 54 en cas de fraude» à la prochaine élection présidentielle. Et à Ouyahia de préciser sa pensée en déclarant : «Au lieu de faire dans la surenchère, nous invitons les candidats à participer activement à la surveillance de l'opération de vote. Qu'ils mettent 40.000 observateurs sur tout le territoire national.» Concernant une autre accusation proférée par le candidat Benflis et qui a trait à des pressions exercées sur trois walis, le chef du gouvernement a été catégorique. «Qu'on me donne des noms», a-t-il lancé avant d'ajouter: «Je mets au défi quiconque de me prouver un quelconque agissement dans ce sens». Interrogé sur les déclarations des généraux Lamari et Touati, Ouyahia y voit une volonté de l'institution militaire de ne pas se mêler du jeu politique et renvoie toutes les interprétations qui ont été faites sur une prétendue contradiction entre les deux hommes à leurs auteurs. Sur ce chapitre, le chef du gouvernement a tenu à saluer la position de l'ANP et affirmer clairement que «l'armée n'est pas un acteur dans la course électorale». Une déclaration qui n'a pas satisfait les journalistes présents à la conférence de presse puisque cet aspect a fait l'objet de plusieurs questions. Les réponses d'Ouyahia étaient invariablement les mêmes. Autre sujet qui a été au centre des préoccupations de la presse n'est autre que la situation en Kabylie. Sur cette question, le chef du gouvernement est resté évasif quant à l'attitude des pouvoirs publics en cas d'empêchement violent du scrutin, comme cela s'est produit lors des dernières élections législatives et locales. Il a minimisé les incidents déjà enregistrés à Tizi-Ouzou en affirmant que les forces de l'ordre parviennent à gérer la situation en usant de «doigté». En d'autres termes, Ouyahia espère une participation des électeurs en Kabylie en optant pour une gestion graduée des événements qui entourent la campagne électorale dans cette région du pays. Sinon, pour l'heure, le chef du gouvernement affiche un certain optimisme et se dit satisfait de la situation politique à Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira où il constate «une diversité d'opinions vis-à-vis de la présidentielle qui s'expriment dans un climat démocratique». Questionné sur la suite à donner à la proposition du MSP de lever l'état d'urgence, le chef du gouvernement confirme la saisine par l'APN et déclare qu'il rendra sa réponse à l'assemblée dans les délais prévus par la loi, c'est-à-dire avant le 2 avril prochain. Quant à l'élection à proprement parler, le président de Commission nationale de préparation de l'élection présidentielle confirme l'envoi d'observateurs internationaux de l'Union africaine, du Parlement européen, de la Ligue arabe. «L'Onu dépêchera un de ses hauts fonctionnaires pour présider le groupe d'observateurs», a-t-il relevé, en informant par ailleurs, que l'Organisation de la sécurité en Europe (Ocse) «a formulé le voeu de participer à l'opération. Nous l'avons autorisée à faire partie de la délégation». Cela dit, Ouyahia a tenu à préciser que le rôle premier des observateurs «n'est pas tant la surveillance de l'opération dans ses moindres détails, mais de constater le climat général dans lequel se déroulera le scrutin.» En ce qui concerne la mission de la Commission qu'il préside, le chef du gouvernement a déclaré que celle-ci, installée le 24 janvier dernier, a clos ses travaux le 11 mars. Il en ressort un nombre d'électeurs de 18.085.000, dont 868.900 établis à l'étranger. Un chiffre rappelons-le quelque peu contesté par les candidats. A ce propos, Ouyahia rappelle la remise de toutes les listes électorales aux candidats et l'introduction des recours qui est possible. L'autre chiffre à relever est l'estimation de ce scrutin qui coûtera aux contribuables la bagatelle de 5 milliards de dinars. Enfin, le chef du gouvernement a rassuré l'assistance sur l'état de santé du ministre de l'Intérieur qui «se soigne et sera bientôt parmi nous», a-t-il déclaré.