Le Premier ministre turc a annoncé hier le retour imminent en Egypte de l'ambassadeur de Turquie, trois semaines après son rappel pour consultations en réaction à la violente répression de manifestations pro-Morsi. Un important groupe jihadiste a démenti hier dans un texte mis en ligne les «fausses victoires» de l'armée égyptienne dans le Sinaï, au lendemain de l'annonce de la mort de huit combattants islamistes lors de frappes aériennes sur la péninsule. Dans un communiqué posté sur un forum islamiste radical, al-Salafiya al-Jihadiya, l'un des plus importants groupes jihadistes de la péninsule instable, dénonce «les médias d'Etat et à leur tête l'armée menteuse» qui «célèbrent de fausses opérations et de fausses victoires dans le Sinaï». «Mais l'opération (de l'armée dans le Sinaï) n'est en fait que l'arrestation au hasard d'innocents dont les photos sont ensuite publiées les présentant comme des combattants», assure le texte, qui poursuit: «Ils filment le bombardement de maisons et les présentent comme des repaires de combattants et ils mentent ouvertement en évoquant la capture ou la mort d'un grand nombre (de combattants)». Mardi, des sources de sécurité avaient indiqué qu'au moins huit combattants islamistes avaient été tués et 15 autres blessés dans des frappes de l'aviation sur plusieurs villages du Nord-Sinaï. Ces frappes ont notamment touché une mosquée, accuse al-Salafiya al-Jihadiya. Ces responsables avaient qualifié cette opération aérienne de «plus importante de ce type dans le Sinaï» et affirmé qu'elle visait des stocks d'armes et d'explosifs, ainsi que des maisons où se cachaient des jihadistes. L'Egypte a récemment déployé des forces supplémentaires pour lutter contre les groupes radicaux dans cette région essentiellement désertique où les attaques se sont multipliées depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet par l'armée. Le 19 août, 25 policiers avaient été tués dans l'attaque la plus meurtrière depuis des années dans la péninsule. Les autorités affirment régulièrement avoir tué de nombreux «terroristes» au cours de ces opérations et publient quasi-quotidiennement de nombreuses photos d'hommes présentés comme tels. De nombreux groupes radicaux ont établi leur base arrière dans le Nord-Sinaï, majoritairement peuplé de bédouins aux relations difficiles avec le pouvoir central, théâtre en outre de multiples trafics le long de la frontière israélienne. Al-Salafiya al-Jihadiya s'est longtemps présenté comme un groupe combattant Israël mais a récemment multiplié les attaques contre les forces de l'ordre égyptiennes. Au plan diplomatique, le Premier ministre turc Recep Tayip Erdogan a annoncé hier le retour imminent en Egypte de l'ambassadeur de Turquie au Caire, trois semaines après son rappel pour consultations en réaction à la violente répression de manifestations pro-Morsi. «N'oubliez pas que nous avions rappelé l'ambassadeur pour des consultations», a déclaré M.Erdogan devant la presse à l'aéroport d'Ankara, avant de se rendre à un sommet du G20 à Saint-Pétersbourg. «Nous n'avons pas pris de mesure comme la fermeture de notre ambassade (...) Les consultations ont eu lieu; à la suite de quoi nous allons le renvoyer» en Egypte, a-t-il ajouté. Le Premier ministre islamo-conservateur a cependant prévenu que cette décision pourrait être réévaluée en fonction de l'évolution de la situation en Egypte. «Si les conditions en Egypte prennent une direction différente, nous réévaluerons à nouveau différemment la situation», a-t-il souligné. Une source diplomatique parlant sous le couvert de l'anonymat a indiqué hier que l'ambassadeur Huseyin Avni Botsali «doit retourner au Caire plus tard dans la journée». Mais elle a aussi insisté sur le fait que le retour au Caire de l'ambassadeur ne devait pas être interprété comme le rétablissement de liens diplomatiques bilatéraux qui auraient été rompus, ceux-ci n'ayant «jamais été coupés» M.Erdogan, proche de M.Morsi et des Frères musulmans, a condamné ce qu'il a qualifié de «massacre» de manifestants pacifiques. Les deux pays ont annoncé le 15 août qu'ils rappelaient leurs ambassadeurs respectifs pour des consultations.