Il y a des amateurs de Bacchus qui n'ont pas compris qu'il faut choisir: «Boire ou conduire!». Le prévenu, client de Maître Farid Nachef, n'avait aucun, mais alors aucun argument pour justifier la conduite en état d'ivresse. Même le verdict récolté au tribunal - une peine d'emprisonnement ferme - ne va pas jouer en sa faveur. Face à la composition de la deuxième chambre pénale d'Alger, il a eu le douloureux privilège d'encaisser le prêche sec de Brahim Kherrabi, le juge qui ne veut pas, tout comme son duo de conseillers en or, Nadia Amirouche et Mansour Ouchene et même l'intransigeant Nasser-Eddine Rebaï le procureur général, accepter la moindre excuse de la conduite en état d'ébriété. -«Ecoutez, ricane presque le magistrat. Vous avez bu, ce n'est pas interdit même si Allah recommande l'abstinence. Mais ce qui n'est pas toléré, c'est de prendre le volant dans l'état où vous étiez. Si vous n'avez pas compris, la cour reprendra autrement avec d'autres mots plus à votre portée. Le prévenu qui s'est avancé de la barre avec sur le dos une fâcheuse détention préventive, était franchement out. Pire! Il l'avait été dès qu'il a vu son père assis dans la salle au milieu d'une assistance qui entendait de tous les sons. Il faut préciser que ce jeudi, celui de la mi-juin 2013 a été l'occasion pour plusieurs détenus de prononcer des mots justes, juste de quoi tenter de justifier la consommation de quelques verres. Et «justifier» doit être mis entre parenthèses, car ce brave Kherrabi en juge avisé et surtout expérimenté, a crié son désespoir que nos jeunes croient trouver dans la consommation d'alcool un refuge, un repos, un salut: «Non, il n'y a ni refuge, ni repos, ni salut lorsqu'on perd sa raison, même momentanément, martèle le président qui s'est aperçu que Maître Nachef, lui, peut-être grâce à son prénom Farid, planait allègrement sur un tapis volant car il n'attendait que le moment de défendre la cause (pas encore perdue de son client) par des arguments tranchants comme par exemple, la loi n'interdisant pas la consommation d'alcool, mais la conduite en état d'ivresse. C'est d'ailleurs en suivant les riches débats d'où avait jailli la franchise du prévenu que l'avocat de l'Arbaâ, en prof de droit riche en expériences diverses, avait eu pas mal d'arguments à jeter dans sa gibecière pour les utiliser le moment venu. Et il sera prêt, c'est sûr et certain. Il est vrai qu'au tribunal d'El Harrach, la juge n'avait accordé aucune chance à l'inculpé qui, il faut le souligner, à la décharge de la magistrate du siège, n'avait pas joué franc-jeu. Les contradictions succédant aux déclarations balancées par syllabes, les marmonnements laissant place à de longs silences éloquents en guise de réponses espérées par le tribunal claires et nettes n'ont nullement facilité la tâche du tribunal. Loin s'en faut... Or, face à la cour, le prévenu a eu un autre comportement même lorsque Rebaï, le procureur général l'avait eng...pour son comportement irresponsable et calamiteux. «L'alcool est pêché et pas recommandé par Allah. La loi interdit de prendre le volant tout en étant out'', mais vous, vous passez outre!» Le silence du prévenu dont la mine livide était en très mauvais état et si ce n'était la belle dentition de son avocat qui avait largement souri, il serait tombé, raide, frappé par une foudre inattendue. D'ailleurs, Maître Farid Nachef cassera la baraque en effectuant une belle démonstration à telle enseigne que le sursis en fin d'audience était venu voir le prévenu, enfin libre, retrouver son plus beau sourire, perdu durant 19 jours, le temps de la détention préventive. Quant à Kherrabi, il passera a un autre dossier qu'il n'aime pas du tout: «L'escroquerie».