Cette visite revêt un caractère à la fois politique, diplomatique et surtout fraternel C'est la première fois que le président de la République reçoit un dirigeant étranger, depuis son retour au pays. Le Président Bouteflika a reçu hier le président du mouvement tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi. C'est la première fois que le président de la République reçoit un dirigeant étranger, depuis son retour au pays le 16 juillet. Cette visite revêt un caractère à la fois politique, diplomatique et surtout fraternel. Le président a choisi de rencontrer le leader d'un pays voisin et ami: la Tunisie. Les deux hommes se sont déjà rencontrés à plusieurs reprises pour discuter de la situation bilatérale entre les deux pays, mais cette visite possède une importance capitale, car elle intervient dans un contexte très particulier pour la Tunisie. Après la chute du pouvoir islamiste en Egypte et la déstabilisation sécuritaire et politique en Tunisie et en Libye, l'Algérie, avec sa stabilité politique, sécuritaire et économique est devenue pour la Tunisie un partenaire incontournable. Même si selon le protocole, Rached Ghannouchi n'a aucune fonction officielle dans le gouvernement tunisien, il dirige le mouvement Ennahda, qui dirige le gouvernement tunisien actuel. Ghannouchi, véritable homme fort de la Tunisie, est venu à Alger «consulter» le président du pays «frère» sur des questions importantes liées à la sécurité, à la politique intérieure et surtout à la diplomatie. Depuis l'avènement de la révolution du Jasmin, la Tunisie avait cessé de consulter l'Algérie sur les questions politiques et sécuritaires et s'est tournée vers le Qatar, considéré comme le parrain et le financier des révolutions arabes. Mais depuis la chute du président Mohamed Morsi en Egypte, le pouvoir politique du mouvement Ennahda et de son leader Rached Ghannouchi est menacé par la montée en puissance de Caïd Essebsi et de son mouvement Nida Tounès, soutenu dans son action par les mouvements de gauche et le puissant syndicat tunisien l'Ugtt. Ghannouchi est venu à Alger, chercher aussi le soutien de Bouteflika pour faire face à la menace terroriste. Depuis l'assassinat de deux leaders politiques tunisiens Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi et surtout depuis les attentats du Mont Chaâmbi, la situation sécuritaire à la frontière tunisienne est inquiétante avec chaque jour son lot d'attentats et de riposte des forces de sécurité. Lundi dernier, deux dirigeants du groupe Ansar Alchari'a, classé récemment comme organisation «terroriste» par le gouvernement d'Ennahda, ont été tués. Le Tunisien, par le biais de son ministre des Affaires étrangères Othman Jarandi, est venu en août dernier demander le soutien de l'Armée algérienne dans la lutte contre le terrorisme. L'idée d'une coopération entre les deux armées était alors évoquée pour faire face à la menace terroriste aux frontières. D'ailleurs, cette consultation diplomatique du Président Bouteflika s'est déroulée en présence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui avait reçu les ministres tunisien et libyen, sur la question de la sécurisation des frontières. Le Président Bouteflika et le président du mouvement tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, ont surtout fait le point sur l'évolution des relations algéro-tunisiennes notamment aux plans économique et sécuritaire au service des intérêts des deux pays frères et de la stabilité de la région. La rencontre a permis également, de procéder à une évaluation de la situation dans les pays arabes et musulmans à la lumière des derniers développements et les efforts consentis pour le succès de la période de transition en Tunisie. Cette visite du chef du mouvement tunisien Ennahda, porte un cachet politique liée à la présidentielle algérienne de 2014. Ghannouchi est venu surtout dissiper tout malentendu suite à sa déclaration de soutien à la candidature de Abderrezak Makri leader du parti MSP à l'élection présidentielle, faite lors de sa dernière visite en Algérie. La déclaration a été à l'époque mal perçue à Alger, obligeant Ghannouchi a se dédire avant son départ à l'aéroport. Le leader d'Ennahda est venu aussi, par principe fraternel qui lie les deux pays, rendre visite au Président Bouteflika et s'enquérir de sa santé de plus en plus meilleure. En définitive, cette rencontre avec un dirigeant étranger démontre que le Président Bouteflika est de retour aux affaires extérieures. Même avant son accident vasculaire, le Président un peu fatigué avait délégué ces missions au Premier ministre Sellal. Désormais, le Président est de retour aux affaires dans son secteur de prédilection: la politique étrangère.