La soeur de Matoub Lounès repart en guerre contre Saïd Sadi et Noureddine Aït Hamouda. La tension entre la soeur de Lounès Matoub, assassiné le 25 juin 1998 en Kabylie, et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) n'est pas près de retomber. Condamnée le 12 mars pour propos diffamatoires par la 17e chambre du tribunal de Paris (spécialisée dans les affaires de presse), Malika Matoub a fait appel du jugement et repart à nouveau en guerre contre le premier responsable du RCD, Saïd Sadi, et un des ses cadres, Noureddine Aït Hamouda, qu'elle a accusés le 11 mai 2002, sur les ondes de Beur FM, d'avoir partie liée dans l'assassinat du grand poète, idole de la Kabylie. Le tribunal de Paris a considéré que l'auteur des propos mis en cause a formulé une «accusation grave, précise et catégorique» qui ne peut être considérée autrement que diffamatoire en l'absence de preuves. La sentence est assortie d'une amende de deux fois 2500 euros pour dommages et intérêts au profit des plaignants, ainsi que 3000 euros supplémentaires pour la publication du jugement, dès que celui-ci devient définitif. Malika Matoub réfute justement la condamnation et veut croiser encore le fer avec ses «meilleurs ennemis». «Je fais appel, car nous n'avons pas discuté du fond de l'affaire», nous déclare Malika Matoub. Son avocat, Me Emmanuel Tordjman, lui, estime que le verdict est entaché d'irrégularité dans sa forme, même en raison du «non-respect de la procédure» qui devait permettre à sa cliente de disposer du temps nécessaire pour démontrer ses accusations. «C'est une violation substantielle du droit de la défense», déclare le conseiller de l'accusée. Selon Hand Sadi, frère du responsable du RCD et un des représentants du parti en France, Malika Matoub a tenté d'obtenir un règlement à l'amiable «en contrepartie de la cessation de déstabilisation dans sa quête de la vérité». Cette demande nous a été confirmée par l'avocat de Saïd Sadi et Noureddine Aït Hamouda, Me Jean-Yves Dupeux, qui s'est toutefois, refusé à s'étaler sur cette «discussion» entre confrères. Le «marché» a été refusé par Hand Sadi qui considère que «Malika doit s'excuser publiquement, car ses accusations sont d'une extrême gravité». «Faux, archifaux», rétorque Malika Matoub, qui se dit contre tout «marchandage» de la mémoire de son frère. La normalisation est à l'évidence encore improbable. La soeur du chantre de la chanson kabyle est aussi sur un autre «front». Celui du sauvetage de la Fondation Matoub. Car les finances manquent sérieusement. Les frais de procédure engagés dans la bataille judiciaire avec le RCD n'ont pas arrangé les choses. Un peu désabusée et narquoise, Malika Matoub fait remarquer que «c'est Lounès qui continue à financer la défense de sa mémoire, grâce aux droits d'auteur tirés de la vente et la diffusion de ses chansons». Des artistes kabyles tentent de monter des opérations pour collecter de l'argent. D'autres font appel au sursaut de générosité et de fierté des Kabyles. de notre bureau à Paris