Les Nations unies ont formellement accepté samedi la demande d'adhésion de la Syrie à la Convention de 1993 sur les armes chimiques L'accord, annoncé samedi par les chefs de la diplomatie américaine et russe John Kerry et Sergueï Lavrov, fixe des échéances précises. L'accord russo-américain sur le démantèlement de l'arsenal chimique de la Syrie a reçu hier le soutien clé de la Chine, facilitant une future résolution à l'ONU, sur fond d'intenses tractations diplomatiques pour sa mise en oeuvre. Tout en saluant «une étape importante», le président américain Barack Obama a souligné que les Etats-Unis restaient «prêts à agir» contre le régime syrien en cas d'échec de la diplomatie. L'opposition syrienne, qui avait exprimé sa frustration après l'accord, a réclamé de son côté à la communauté internationale d'imposer au régime syrien aussi une interdiction d'utiliser les missiles balistiques et l'aviation contre les civils. L'accord, annoncé samedi par les chefs de la diplomatie américaine et russe John Kerry et Sergueï Lavrov, fixe des échéances précises: Damas a une semaine pour présenter une liste de ses armes chimiques, et celles-ci doivent être enlevées et détruites d'ici la fin du premier semestre 2014. En outre, le processus sera fixé dans une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU mentionnant le chapitre VII de la Charte qui ouvre la voie à de possibles sanctions, y compris un recours à la force en cas de manquement du régime syrien à ses engagements. Mais ce point reste encore entouré d'ambiguïtés. L'accord a été salué par de nombreuses capitales européennes et a reçu hier l'appui de poids de la Chine, son chef de la diplomatie Wang Yi estimant qu'il «permet d'ouvrir des perspectives pour régler la question en Syrie par des moyens pacifiques». Aux côtés de la Russie, des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France, la Chine est un membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, appelé à se prononcer sur l'accord conclu à Genève, au troisième jour de discussions intenses. Depuis plus de deux ans, la Chine, de concert avec Moscou, avait opposé une fin de non-recevoir aux appels internationaux à exercer davantage de pression sur le régime de Bachar al-Assad, usant de son veto au Conseil de sécurité. En visite à Pékin, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a pour sa part réaffirmé que l'accord russo-américain représentait «une avancée importante». «Bien sûr, ça ne règle pas tout et il y a un certain nombre de dispositions à voir», mais «sur la base de ce projet d'accord-cadre, il faut avancer», a-t-il indiqué. M.Fabius et ses homologues américain John Kerry et britannique William Hague doivent se réunir aujourd'hui à Paris pour parler des termes de l'accord ainsi que des conditions de sa mise en oeuvre. Le ministre français a par ailleurs prévu demain un aller-retour à Moscou pour rencontrer son homologue russe. Accusant le pouvoir à Damas d'avoir perpétré une attaque chimique meurtrière contre la population le 21 août, les Etats-Unis et la France s'étaient dits déterminés au début du mois à lancer des frappes contre le régime syrien, mais ils semblent désormais prêts à donner sa chance à l'option diplomatique. M.Fabius a néanmoins précisé que «la France tiendrait compte du rapport des inspecteurs de l'ONU publié lundi sur le massacre de Damas pour arrêter sa position» sur l'accord russo-américain. Le président américain Obama a lui mis en garde son homologue syrien Bachar al-Assad, souhaitant qu'il soit «à la hauteur de ses engagements» et soulignant que «les Etats-Unis restent prêts à agir» en cas d'échec de la diplomatie. Tout en laissant entendre que la Russie pourrait dans l'avenir soutenir un recours à la force en cas de non-respect de l'accord par la Syrie, le chef de la diplomatie russe a prévenu que Moscou vérifierait minutieusement toutes les informations accusant le gouvernement syrien: «Il y a tant de mensonges et de falsifications dans ce dossier aujourd'hui dans le monde qu'il faut être extrêmement prudent». A New York, les Nations unies ont formellement accepté samedi la demande d'adhésion de la Syrie à la Convention de 1993 interdisant les armes chimiques et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est «réjoui» de cette adhésion. Il a indiqué que le rapport des experts de l'ONU allait «conclure de manière accablante» à l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. Mais il n'entre pas dans le mandat des inspecteurs de déterminer qui est responsable de l'attaque. MM.Kerry et Lavrov ont convenu d'une nouvelle réunion «à New York autour du 28 septembre», en marge de l'Assemblée générale annuelle de l'ONU, afin de fixer une date pour une conférence de paix sur la Syrie.