La Chine a «salué l'accord » conclu entre Etats-Unis et Russie sur les armes chimiques syriennes, selon les termes dimanche du ministre chinois des Affaires étrangères, M. Wang Yi, lors d'une rencontre à Pékin avec son homologue français Laurent Fabius. « La partie chinoise salue l'accord-cadre obtenu entre la Russie et les Etats-Unis », a déclaré le chef de la diplomatie chinoise, ajoutant que cet accord allait « apaiser la tension en Syrie ». Cet accord « permet d'ouvrir des perspectives pour régler la question en Syrie par des moyens pacifiques », a-t-il ajouté, alors que depuis plus de deux ans, la Chine, de concert avec Moscou, a opposé une fin de non-recevoir aux appels internationaux à faire pression sur le régime de Bachar al-Assad, usant de son veto au Conseil de sécurité des Nations unies. De son côté, M. Fabius, arrivé dans la matinée à Pékin, a réitéré que l'accord russo-américain prévoyant un démantèlement de l'arsenal chimique syrien représentait « une avancée importante ». « Bien sûr, ça ne règle pas tout et il y a un certain nombre de dispositions à voir », a indiqué le ministre. L'accord conclu samedi à Genève entre Russie et Etats-Unis donne une semaine à Damas pour présenter la liste des armes chimiques détenues par le régime et fixe comme objectif leur élimination d'ici à la mi-2014. Il prévoit l'adoption d'une résolution de l'ONU se référant au chapitre 7 de la charte des Nations unies, qui ouvre la voie à un recours à la force si le régime syrien ne respectait pas ses engagements. « Mais il n'y aura pas de sanctions automatiques, il faudra qu'il y ait un vote » au Conseil de sécurité, a prévenu le ministre français, lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec son homologue chinois. A Genève ont été scellées samedi « les bases d'un accord qui devront être traduites dès la semaine prochaine dans une résolution aux Nations unies », a poursuivi le chef de diplomatie française. « C'est une première étape » et «on est pas au bout de nos peines », a-t-il tempéré. « Les contacts que j'ai eus ce matin avec mon homologue chinois (...) permettent d'avancer », a-t-il assuré, sans fournir de précision. Pour sa part, l'agence officielle Chine Nouvelle, dans un long commentaire, a estimé que cette « percée diplomatique éloigne la possibilité d'une action militaire américaine pour le moment » et aura « une influence positive à long terme bien au-delà du Moyen-Orient ». Mais « des nuages d'incertitude planent sur l'accord. Et les inquiétudes persistent quant à son application », a ajouté l'agence. « Le plus important, c'est qu'on suive de façon extrêmement précise la mise en œuvre » de l'accord, a souligné à ce propos M. Fabius. Evoquant le rapport des experts de l'ONU qui sera rendu public lundi sur l'usage d'armes chimiques en Syrie, M. Fabius a souligné: «Personne ne comprendrait qu'à partir d'un rapport accablant, des conséquences n'en soient pas tirées. Il faudra réagir et agir ». « Il y a quelques jours encore, la Syrie contestait avoir des armes chimiques et s'en être servi. Désormais, nous sommes dans une nouvelle phase », a commenté M. Fabius, selon qui « la fermeté (de Paris et Washington) a payé ». A propos de la responsabilité de l'utilisation des armes chimiques, le ministre français a déclaré que, du côté des rebelles syriens « il n'y a ni arsenal, ni vecteur, ni technique », contrairement aux forces du régime de Bachar al-Assad. « Quand vous mettez cela bout à bout, il n'y a pas beaucoup de doutes. Quand je dis qu'il n'y a pas beaucoup de doutes, je veux dire qu'il n'y a aucun doute », a-t-il souligné. M. Fabius et ses homologues américain John Kerry et britannique William Hague doivent se réunir lundi à Paris pour parler des termes de l'accord russo-américain et de sa mise en application. M. Fabius est attendu mardi à Moscou pour y rencontrer Sergueï Lavrov. Au-delà de la question des armes chimiques, « il va falloir aller vers un accord politique pour faire cesser, si on le peut, les combats en Syrie » qui ont déjà fait quelque 110.000 morts en deux ans et demi, a indiqué M. Fabius, avant d'appeler « l'opposition modérée » au régime de Damas à se renforcer.