On désarme l'un, on ignore l'autre... Les armes de destruction massive (ADM, qui sont chimiques, biologiques, nucléaires...) reviennent au-devant de la scène diplomatique et médiatique mondiale au lendemain de la présumée utilisation d'armes chimiques en Syrie, le 21 août 2013. Les puissances occidentales ont immédiatement désigné le coupable (le régime syrien) sans attendre les conclusions des experts mandatés par l'ONU pour déterminer, justement, s'il y a eu utilisation de telles armes et singulièrement qui les aurait utilisées. Cependant, désormais, la vraie question à poser, qui reste à poser est de savoir qui détient, plutôt qui fabrique, ces armes nocives qui font l'actualité internationale? De fait, la bonne question est encore de déterminer la responsabilité des grandes puissances, seules fournisseuses des ADM et de leur prolifération. On se focalise sur les armes chimiques que détient la Syrie, on se focalisait - c'est toujours le cas en fait - sur le nucléaire iranien - prêtant à l'Iran l'intention de fabriquer la bombe atomique - sur des pays, dits du «seuil» et susceptibles d'acquérir un savoir-faire scientifique et technologique qui, à l'évidence, leur est interdit. Ce qu'il faut relever en revanche, c'est que pas un mot n'est «pipé» sur Israël qui n'a ni signé ni paraphé les conventions internationales sur les ADM (Ciac, chimique, TNP, Traité de non-prolifération nucléaire, Ctbt, interdiction des essais nucléaires). Or, Israël reste un cas d'école en étant quasiment le seul pays détenant des ADM, qui n'adhère à aucun des traités et conventions qui organisent l'usage de ces armes dangereuses. De fait, prenant les devants - après l'annonce de dépôt par la Syrie d'une demande d'adhésion à la Ciac - Israël a réitéré son refus de ratifier la Convention de Genève sur les armes chimiques. Or, outre de se situer en dehors des lois internationales imposées à toutes les nations, Israël, non seulement prend la tête des puissances bellicistes, mais incite ces dernières à frapper la Syrie et l'Iran, le premier pour sa détention d'armes chimiques, le second pour suspicion de vouloir acquérir la bombe atomique. De fait, il serait anormal qu'au moment où Russes et Américains veulent désarmer la Syrie de ses armes chimiques par des canaux diplomatiques, Israël puisse continuer à échapper à ses obligations et que les organisations internationales, chargées de veiller à la mise à niveau de chaque pays, n'exigent pas de l'Etat hébreu de se mettre en règle et en conformité avec les conventions internationale concernant les armes chimiques, biologiques et nucléaires. Or, Israël possède un impressionnant arsenal d'ADM. Comme l'établissent clairement les cas de la Syrie (armes chimiques) et de l'Iran (nucléaire), l'Occident a des inquiétudes très sélectives, Israël peut posséder des arsenaux chimiques, biologiques et atomiques, et échapper au contrôle international comme de menacer de frapper d'autres pays. Pour Washington, Paris et Londres, ce n'est pas là le danger, ni le problème. Le danger ce sont ces pays qui ne font pas partie du «cercle» et qui cherchent à avoir la maîtrise des sciences et des technologies afin de booster leur indispensable développement. Autant dire que, selon Washington et Israël, les pays de l'hémisphère Sud n'ont pas le droit d'accéder au savoir-faire technologique et scientifique. La Syrie possède, certes, des armes chimiques, ce que le régime syrien n'a jamais nié, mais de là à l'accuser d'en avoir fait usage dans la guerre que l'Occident - par rebelles et islamistes interposés - lui impose, le pas a été vite franchi de faire porter à Damas les exactions que la rébellion, soutenue par l'Occident, commet au quotidien en Syrie. Israël a usé des armes chimiques contre les Palestiniens de Ghaza et les Libanais. On n'a pas entendu les gouvernements américains et/ou français s'émouvoir du fait et convoquer le Conseil de sécurité pour ce faire. Bien au contraire, les Etats-Unis ont brandi à maintes reprises leur veto pour protéger Israël et lui garantir l'impunité. Les Etats-Unis ont eux-mêmes utilisé ces armes prohibées, récemment en Irak, comme hier au Vietnam. La France en a fait de même en Algérie. Ceux qui aujourd'hui crient au loup ne sont probablement pas les mieux placés pour donner des leçons à des pays tiers alors que ce sont ces puissances qui sont l'axe de la prolifération des armes prohibées. S'il y a danger pour la sécurité du monde, il n'est pas du fait de la Syrie ou de l'Iran, mais bien d'Israël, protégé par des puissances bellicistes.