Ce sigle quelque peu barbare n'en constitue pas moins l'un de éléments clés de la « bataille » sur le désarmement qui se livre à l'ONU autour des armes de destruction massive : nucléaire, chimique et biologique. L'apparition du terrorisme biologique au lendemain des attentats anti-américains, a remis de façon abrupte à l'ordre du jour un dossier qui a évolué ces dernières années au gré des intérêts des cinq puissances nucléaires officiellement répertoriées. Et comme toujours ce sont ceux qui pouvaient le plus qui en font le moins ! Il en est ainsi des Etats-Unis desquels il était attendu qu'ils ratifient les traités sur les armes nucléaires (TNP, CTBT) chimiques et biologiques. Ayant sa propre vision sur ce dossier, Washington a toujours fait cavalier seul, semblant surtout préoccupée - dans le contexte du désarmement et de la non-prolifération nucléaire - de faire adhérer à ces traités tous les pays ayant le potentiel nucléaire, ou pouvant constituer demain un ennemi virtuel. Notons que les Etats-Unis ont usé de toutes sortes de pressions pour faire signer les pays arabes, quand, dans le même temps, Washington s'interdit de s'ingérer dans les affaires intérieures israéliennes. Autrement dit seul Israël est juge de l'opportunité de signer ou non ces traités. Il est notoire qu'Israël, de tous les pays du Proche-Orient (excepté la Syrie pour des raisons évidentes), est seul à n'avoir pas signé le TNP. Aussi, y-a-t-il une hypocrisie certaine à vouloir faire ratifier le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) par de petits pays qui ne disposent ni des moyens financiers, technologiques et humains pour entrer dans la course aux armements ; ou encore exiger la ratification du traité sur l'interdiction totale des essais nucléaires (CTBT, Compréhensive Test Ban Treaty dans sa version anglaise) par des pays disposant, certes, de centrales nucléaires (civiles faut-il le préciser) mais ne disposant pas des capacités aptes à les qualifier comme puissances nucléaires. Il fallut plus de trente années de recherche à l'Inde et au Pakistan pour accéder, en 1998, après leurs premiers essais atomiques, au statut de pays nucléaire. De fait cela n'est pas donné à tous les pays, et la possession de centrales nucléaires n'induit pas la qualification automatique et demeure insuffisante pour rejoindre le club nucléaire. Ce qu'il faut en fait relever dans cette bataille de restriction et de contrôle de la prolifération nucléaire, c'est que les concepteurs de ces armes de destruction massive, et architectes des traités en question, refusent eux-mêmes de les ratifier se réservant le droit d'affiner leur armement atomique (comme le fit la France pour sa dissuasion nucléaire) et aussi d'étoffer leur propre arsenal de destruction massive. C'est le cas des Etats-Unis qui, en plus du fait de refuser de ratifier le CTBT, s'emploient, dans le cadre de leur politique de sécurité nationale, à mettre au point une nouvelle arme encore plus sophistiquée et dangereuse pour l'humanité: les armes spatiales ou missiles antimissiles (NMD) passant, pour cela, outre les traités et accords (remettant notamment en cause le traité ABM signé en 1972 avec l'Union soviétique) internationaux existants. Dès lors, le problème du désarmement en général, et l'interdiction des armes de destruction massive plus singulièrement, qui interpelle la communauté internationale, dépend essentiellement non pas tellement de cette communauté ou de l'ONU, que des grandes puissances nucléaires seules détentrices de la réalité de cette menace récurrente. Depuis lundi, l'ONU organise, à Genève, des négociations sur les armes biologiques, ou de nouveau sont apparues des divergences entre les principaux protagonistes. De fait, en juillet dernier, les Etats-Unis avaient déjà rejeté le texte proposé par l'ONU, considérant que celui-ci «mettait en danger leur sécurité nationale et leurs données confidentielles». Comme quoi le désarmement n'est pas vu sous une optique mondiale, ayant pour objectif la sécurité de la planète, mais plus, du moins par les grandes puissances nucléaires, comme un moyen de contrôler la dissémination des armes de destruction massive, tout en se réservant, pour eux-mêmes, le droit de poursuivre leurs propres recherches sans aucun contrôle international indépendant. A Genève, la réunion de l'ONU sur les armes biologiques fait suite à celles tenues ces dernières années et s'efforce de préparer un «protocole additionnel» rendant «contraignantes les dispositions de la Convention de 1978 interdisant l'usage, la production et la détention d'armes biologiques» Cependant ce texte péchait par le fait qu'il ne prévoyait pas de contrôle. Mais quel contrôle, et qui contrôle, lorsque l'on sait que l'AIEA (Agence internationale de l'Energie atomique, sous l'égide de l'ONU) n'est jamais parvenue à faire contrôler la centrale nucléaire (militaire) de Dimona en Israël ! Aussi la question qui se pose à l'ONU était-elle de trouver un moyen de faire en sorte d'assortir d'une vérification internationale la Convention présentement l'objet de la réunion de Genève. Mais l'opposition des grandes puissances à se faire contrôler reporte de fait aux calendes grecques un véritable désarmement international.