L'ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, vient de faire encore parler de lui à travers une lettre adressée au chef de l'Etat au début de ce mois. Celui qui, le premier, avait tenté de rendre son autonomie à ce parti avant de subir le fameux coup d'état scientifique de 1995, met en avant ses idées relatives au plan de sortie de crise, de poursuite de la démocratisation de l'Algérie. Mehri, qui ne pouvait pas manquer de dire son mot à propos de la prochaine présidentielle, a jeté un regard incrédule sur toutes «les garanties techniques relatives à la régularité de ce scrutin». Pour lui, en effet, «il est inutile de faire état de tout cela tant que la volonté politique n'est pas présente». Il en va de même pour la présence ou pas des observateurs étrangers. Pour revenir au plan de sortie de crise, Mehri, sans y adhérer totalement, reprend ainsi à son compte une idée chère à Louisa Hanoune consistant à aller vers «un congrès national auquel prendraient part tous les acteurs capables d'aider à la résolution de la crise algérienne, sécuritaire et politique». Enchaînant dans le même propos, il ajoute que «ce congrès doit appeler à cesser tout acte de violence dans les plus brefs délais». En parallèle serait menée une réflexion commune sur les moyens idoines d'«accompagner politiquement cette cessation des hostilités avec la mise en place des grandes lignes du parachèvement de l'ouverture démocratique afin de libérer les activités tant politiques que médiatiques». Mais là où Mehri donne l'air de se placer dans une position absolument antinomique de celle du président Bouteflika, c'est quand il se propose d'aller vers une révision de la Constitution, sur la base de propositions que ferait la nouvelle APN, légitimement élue immédiatement après ce congrès. La vision de Bouteflika, s'il décroche un second mandat, va carrément à contre-courant de cette approche puisqu'au lieu du régime parlementaire que défend Mehri, il est au contraire partisan de l'octroi de plus de prérogatives au chef de l'Etat dans le cadre de la mise en place d'un régime présidentiel qui mette un terme définitif aux «hésitations» contenues dans notre actuel texte fondamental, daté de 1996. Partant de ce simple constat, sans revenir sur les anciennes sorties musclées de Mehri, il y a fort à parier, comme s'accordent à le dire la plupart des observateurs avertis de la scène politique algérienne, que le président Bouteflika ne prendra guère la peine d'y répondre. Cela paraît d'autant plus vrai que celui qui a amené l'historique FLN à signer le contrat de Rome met en exergue l'échec successif de toutes les politiques suivies jusque-là en vue de résoudre la crise algérienne. Mehri, qui souhaite la réhabilitation de la pratique politique, s'indigne du fait que l'agrément soit refusé au mouvement Wafa «sous prétexte que des militants de l'ex-Fis s'y trouveraient». le président de Wafa, Ahmed-Taleb Ibrahimi, met régulièrement au défi Zerhouni de brandir le moindre nom à l'appui de ses dires. En vain. Mehri, victime lui-même d'un complot scientifique, cite l'exemple de la crise du FLN pour dire que «tous les partis politiques algériens sont victimes de complots scientifiques dont l'intensité varie proportionnellement à leur éloignement du pouvoir».