A 48 heures des élections législatives allemandes, la chancelière Angela Merkel, en déplacement vendredi à Munich avant l'inauguration de la Fête de la bière, mise tout sur sa personnalité pour mobiliser les électeurs indécis. La dirigeante conservatrice, qui sillonne l'Allemagne dans tous les sens, s'appuie sur son nom et son bilan pour tenter de mobiliser. Elle assure sur toutes les places de marché où elle se rend: « Vous n'aurez Merkel qu'avec la CDU », en demandant aux électeurs de voter pour l'Union chrétienne-démocrate, son parti. C'est ce message qu'elle devrait répéter en fin de journée dans la capitale de la Bavière, une région où son camp a fait le plein de voix dimanche dernier lors d'un scrutin régional. Samedi, Munich inaugurera la 180e fête de la Bavière qui, élections obligent, prend cette année des accents politiques. Angela Merkel craint que ses électeurs soient tentés de soutenir son allié, le parti libéral (FDP), en mauvaise posture dans les sondages, pour sauver la coalition au pouvoir depuis quatre ans. « Si vous voulez que l'Allemagne continue sur la voie du succès et que je puisse continuer à travailler en tant que chancelière, alors allez voter, s'il vous plaît, dimanche et accordez vos deux voix à la CDU », a-t-elle martelé ces derniers jours. Dans le système allemand, on vote à la fois pour un député et pour un parti. A 59 ans, la présidente de la CDU est en passe d'obtenir un troisième mandat de chancelière. Personnalité politique préférée des Allemands, très loin devant son principal adversaire, le candidat du parti social-démocrate (SPD) Peer Steinbrück, elle pourrait cependant être contrainte de négocier une alliance avec cette formation, comme lors de son premier mandat (2005-2009). Dans un dernier sondage de la chaîne ZDF, les conservateurs (CDU/CSU) sont donnés à 40% d'intentions de vote, alors que leur partenaire, le FDP, pointe à 5,5%. Le SPD est donné à 27% et leurs alliés traditionnels, les Verts, faiblissent à 9% (-2). Les électeurs « sont satisfaits de la chancelière mais pas du gouvernement ». « Cela sent le demi-changement de pouvoir », a estimé le politologue Karl-Rudolf Korte de l'Université de Duisbourg (ouest) sur la chaîne ZDF. Pour la première fois en Allemagne, un dernier sondage devrait être publié dimanche, jour du vote, par le quotidien à grand tirage Bild. Le candidat du SPD Peer Steinbrück a insisté jeudi soir sur la nécessité de se « débarrasser de ce gouvernement », attaquant son bilan notamment en matière sociale : bas salaires, petites retraites... « Donnez votre voix aux députés SPD, pour qu'ils puissent ensuite m'élire chancelier », a-t-il lancé à la foule réunie sur l'une des grandes places de Berlin. Pendant ces deux derniers jours, le SPD va poursuivre sa campagne de proximité, avec des centaines de milliers de visites à domicile et des meetings à travers tout le pays. La chancelière s'exprimera samedi à Berlin devant ses troupes qui devraient lui faire un triomphe. Elle achèvera sa campagne dans son fief de Stralsund. C'est dans cette circonscription des bords de la mer Baltique qu'elle a entamé sa carrière politique à la chute du Mur de Berlin en obtenant son premier mandat de député en 1990. Instance morale en Allemagne, le président fédéral Joachim Gauck a appelé solennellement les 61,8 millions d'électeurs allemands à se rendre massivement aux urnes dimanche. Ce pasteur, qui lutta pour l'instauration de la démocratie dans la RDA communiste, a lancé dans un message vidéo: « Nous avons le choix ». « C'est quelque chose dont des millions de gens dans le monde rêvent », a-t-il souligné alors que l'abstention avait atteint un record, à près de 30%, lors des dernières législatives il y a quatre ans.