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Le drame des femmes dans les maternités
MANQUE DE STRUCTURES D'ACCUEIL, MAUVAISE PRISE EN CHARGE...
Publié dans L'Expression le 22 - 09 - 2013

Une maternité à «bas risque» ne nécessite pas beaucoup d'investissements
Est-ce que les Maternités en Algérie sont suffisantes pour faire face à la «demande»? Dans quelles conditions les femmes algériennes mettent au monde leurs enfants?.
Pendant que sous d'autres cieux des maternités ferment faute de «rentabilité», la situation en Algérie est à l'opposé de cette problématique. Un besoin pressant se fait sentir en structures où la femme peut accoucher et être prise en charge dignement. Nous avons visité plusieurs hôpitaux à Alger et la situation n'est vraiment pas reluisante.
Un médecin interrogé sur la question nous répond: «Le manque de place se fait sentir tous les jours. Il est rare qu'elle puisse bénéficier d'un lit à elle toute seule. Elle est souvent obligée de le partager avec une autre femme ou même pire que ça, de prendre une chaise, voire rester debout.» Oui, c'est ce qui arrive chaque jour. «Elle est obligée de se trouver une petite place à côté de deux ou trois femmes qui viennent d'accoucher», enchaîne Imane B., un autre médecin gynécologue.
Insuffisance de place
Mais comment expliquer ce manque de places? Le médecin nous livre quelques explications. «C est surtout dû au fait que la population ne fait qu'augmenter. Les habitations de type Aadl se remplissent. On pense laisser de la place pour des commerces au bas des immeubles, mais pas à construire des maternités», explique-t-il en enchaînant: «Les maternités ne peuvent pas faire face à la demande, beaucoup de quartiers nouveaux ont vu le jour sans que cela soit suivi de nouvelles structures pour faire face à la demande».
En effet, il n'y a qu'à voir du côté de Baïnem, à l'ouest de la capitale. Il y a six mois, les immeubles étaient vides. Et là, nous sommes passés. Ils sont tous habités. Les médecins que nous avons interrogés sont unanimes: ils pensent que c'est le principal problème. «Ce n'est pas un problème de personnel hospitalier parce qu'on est assez nombreux», témoigne Imane B.
Pour le docteur Leila N.: «Le médecin doit souvent faire face à ce manque de place. On ne peut pas refuser une femme sur le point d'accoucher sous prétexte qu'il n'y a pas de places, car en l'envoyant ailleurs, non seulement elle risque d'accoucher dans la rue, mais en plus ailleurs'' ce n'est pas forcément meilleur, car nous savons que toutes les maternités souffrent du même problème.»
Contrairement à ce problème de surcharge, il y a des endroits où les maternités ne font qu'une moyenne de 10 accouchements par ans. De la maternité de Beau Fraisier. «La dernière fois par manque de places, le directeur de garde de cette maternité a fait appel aux autres maternités. C'est comme ça qu'on a découvert la présence d'une maternité qui demandait qu'on lui envoie les multipares». Juste les multipares, parce qu'il n'y a pas de médecins? Que de sages-femmes à Beau Fraisier? Et là c'est un autre aspect encore plus dramatique, car pourquoi alors construire une structure pour ne pas l'exploiter?
Livrées à elles-mêmes
Ce qu'il faut savoir, c'est qu'a l'étranger, il y a différents types de «maternités», celles disposant d'un bloc opératoire où des médecins sont présents pour faire face aux accouchements difficiles qui peuvent se terminer par une césarienne et d'autres maternités qui n'en disposent pas où l'on accueille les femmes qui ne ne présentent aucun problème après une grossesse bien suivie. En général, ce sont des femmes qui ont déjà donné naissance à plusieurs enfants (les multipares).
Chez nous, il n y'a pas de «cartographie» pour envoyer des femmes à la maternité concernée.... d'ailleurs, «en général, nos maternités sont une structure faisant partie de l'hôpital. Ce qui d'un côté est bien pour les accouchements supposés difficiles, mais pour les autres, une simple maternité aurait suffi où des sages-femmes auraient fait l'affaire mais disposant d'une ambulance pour évacuer la patiente lorsque son état pose problème», fait savoir le Dr Leila N. Il n'y a pas que ça, d'autres carences incroyables sont apparues! Le pire, «c'est qu'il est déjà arrivé qu'on fasse des gardes sans infirmières et sans matériel pour les accouchements», témoigne-t-on.
Une réalité qui vous tient à la gorge. Les médecins en plus de s'occuper du déroulement de l'accouchement et de l'état de santé de la patiente, ils passent leur temps à essayer de régler le problème de literie, en particulier si la femme a subi une césarienne (il est inadmissible de lui faire partager le lit alors qu'elle vient de se faire opérer). «L'administrateur vous répondra: «Je n'ai pas de lit disponible» quand le médecin lui répond: «Où vais-je donc déposer la patiente?»...et l'autre lui répond parfois: «Je ne vais quand même pas lui donner mon lit».....et ça vire en discussion stérile «pendant que la femme attend sur la table d'opération», témoigne encore un autre médecin.
Dures conditions de travail
Les témoignages sont des plus choquants. «Souvent, le médecin est pris en sandwich entre la patiente qui a froid sur une table d'opération et des problèmes de literie auxquels il est difficile de trouver des solutions, en récupérant des lits dans d'autres services pour encombrer des chambres destinées à recevoir deux patientes ou trois et qu'on soit obligé d'entasser, car nous n'avons pas le choix.» Enfin, c'est très difficile de travailler dans des conditions pareilles même si les médecins sont de très bonne volonté pour faire les choses du mieux possible, ils se retrouves bloqués et démoralisés par de faux problèmes qui normalement ne devraient pas exister en 2013. Tous les médecins rencontrés estiment qu'il faut une maternité par commune avec un nombre de places suffisant, une maternité «à bas risque» où les femmes ne posant pas de problèmes de santé et où le médecin traitant estime que l'accouchement a de fortes chances de se dérouler «normalement, naturellement, physiologiquement» va envoyer la parturiente afin de réserver les structures hospitalières disposant d'un bloc opératoire pour les accouchements à haut risque où le médecin traitant estime que ceci risque d'aboutir à une quelconque dystocie (risque de passage au bloc opératoire). Une maternité à «bas risque» ne nécessite pas beaucoup d'investissements, c'est une structure en béton, des emplois pour les sages-femmes, des lits où la femme peut vivre sa plus belle aventure dignement, dans un lit à elle toute seule. Le constat est là: la plupart des femmes souffrent lors de leur accouchement et sont confrontése à des conditions horribles... le jour qui est censé être le plus beau jour de leur vie.


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