Ce ne sont pas les victimes de vol qui ont confondu les deux voleurs! Non! les empreintes... Le client de Maître Zohra Mimouni de Boufarik avait dû grincer des dents lorsque ce bon vieux renard des juridictions, prof de droit à Alger, avait pris un envol juste après que sa jeune adversaire du jour eut commis un impair en l'interrompant au moment où il effectuait des demandes en dommages et intérêts dans cette histoire de vol, délit largement reconnu par Kamel F. lequel a aussi mobilisé Lotfi R. en fuite. L'avocat d'El Khettabi avait pris la mouche car il en voulait un peu au sort de n'avoir pas pu consulter le dossier où il était question de relever par la police judiciaire des empreintes digitales. Maître Mouloud Boubekeur, en vieux briscard, s'était adressé à la douce Nassima Saâda, la juge du mercredi, poliment, mais fermement, en direction de sa très jeune consoeur qui n'en revenait pas. Les empreintes digitales sur la porte d'entrée (et de sortie) avaient comblé la victime qui n'y a vu que du feu dans ce méfait. D'ailleurs, après le prononcé de la mise en examen du dossier, Maître Mimouni était dans tous ses états. Elle n'avait pas pu avaler les «remontrances» de son aîné lequel n'aura fait somme toute que son boulot de représentant de la partie civile. «J'ai été surprise et triste d'apprendre de la bouche de mon aîné de confrère qu'il n'avait pas pu voir le dossier. S'il me l'avait demandé, je lui aurais volontiers remis», répliquera-t-elle plus tard en ne quittant pas des yeux la charmante Yasmina Zerdoumi, la jeune représentante du ministère public qui ne semble pas trop emballée par le poste qu'elle occupe et surtout le lieu. Probablement que la jeunesse aidant, cette fougueuse procureure songe à pousser un peu plus les études pour ne pas stagner, comme son aînée Djamila Benkhettou qui a tout donné au secteur et qui attend, la main sur la coeur une méritée promotion car on ne rencontre pas une Djamila Benkhettou dans tous les tiroirs d'un parquet étoffé de brillants éléments ambitieux... Les faits, en eux-mêmes, sont graves car dangereux. Imaginez neuf secondes un cambriolage dans une maison où les propriétaires s'y trouvent. Imaginez douze autres secondes que les cambrioleurs avaient fait du bruit et que les occupants se réveillent! Imaginez qu'une des deux parties fut arrivée au moment de la découverte du délit. Ce dernier disparaîtrait au profit d'un crime crapuleux. Imaginez vingt dernières secondes que les voleurs et les victimes fussent armés! Un carnage n'est pas à écarter. C'est pourquoi, le hasard a voulu que le cambriolage ait réussi sans que les victimes furent réveillées (ouf), mais il y a un mais: les deux auteurs du méfait n'avaient pas d'expérience en la matière, car en opérant, ils avaient promené leurs mains sur la porte d'entrée. Le travail de la police scientifique n'en fut que facilité! Il y avait, en effet, des empreintes digitales. Il y en avait des tonnes: de quoi aller droit vers le fichier et avoir là, bien en face, bien en vue, les «têtes» de ces étranges et non invités individus. Le premier avouera tout et donnera même le second en fuite (provisoirement) car les enquêteurs de Boufarik ne ratent jamais leurs investigations et Boufarik n'est pas Bou Ismaïl «inondé» de malfaiteurs de tous bords! Nassima Saâda, la présidente avait bien mené son «instruction» unijambiste car le second malfrat a «craché» les faits par la bouche de son jeune acolyte qui a demandé l'indulgence du tribunal, comme l'a si bien fait Maître Mimouni son défenseur qui n'en revenait pas de la courte diatribe déclenchée par Maître Boubekeur qui tient beaucoup à la déontologie et donc, n'accepte aucunement qu'on l'interrompe au moment où il intervient pour la recherche de la vérité. D'ailleurs, le regard d'une sainte «réveillée» par un mauvais rêve de Saâda très tolérante, l'avait rassuré surtout que cet avocat-prof aime les jeunes magistrates qui saisissent au vol un tir nourri d'un avocat en révolte légitime et victime d'un piétinement de procédures à la barre. La présidente qui avait pris acte des demandes de Zerdoumi la parquetière (cinq ans ferme d'emprisonnement) annoncera la mise en examen du dossier sous huitaine, le temps pour elle d'éplucher encore les déclarations de la victime et du malfaiteur. Quant à celui en fuite, il ne courra pas longtemps, la police étant à ses trousses et tôt ou tard, il comparaîtra...