Comme il était prévisible, la crise syrienne dominera les travaux de la 68e session de l'Assemblée générale de l'ONU, qui débutera demain à New York, en présence d'au moins 131 chefs d'Etat et de gouvernement et de 60 ministres des Affaires étrangères. Les pays participants auront pour lourde tâche d'aider au lancement des négociations entre le gouvernement syrien et la rébellion dans le cadre de la réunion intitulée Genève 2 compromise par l'option des frappes militaires privilégiée par Washington et contrariée jusque-là par Moscou opposé à la « résolution forte et contraignante » exigée par la France et les USA. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, recevra, à ce titre, ce mercredi, les chefs de la diplomatie des cinq grandes puissances (Etats-Unis, France, Royaume uni, Russie, Chine) et réunira, samedi, l'Américain John Kerry et le Russe Sergueï Lavrov, dans l'espoir de fixer enfin une date pour la réunion. Pari difficile ? Même la percée de Genève, prévoyant le démantèlement des armes chimiques, n'a pas réussi à déclencher un processus irréversible de règlement négocié de la crise. Plus, le pas en avant de Damas, remettant dans les délais la liste de son arsenal à l'organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), n'a pas pesé sur l'issue de la crise voulue militaire par les Occidentaux décrétant le recours à la force. Cette attitude a été dénoncée par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. « Nos partenaires américains commencent à nous faire du chantage : si la Russie ne soutient pas une résolution en vertu du chapitre VII au Conseil de sécurité de l'ONU, nous arrêterons de travailler à l'OIAC », a-t-il souligné, pointant du doigt la « position arrogante de certains partenaires occidentaux » présentée en menace du processus de négociation dans le cadre de l'organisation onusienne « sur le point de prendre une décision ». Le ministre russe a estimé que « le seul intérêt pour eux est de prouver leur supériorité tandis que la Russie cherche à résoudre le problème des armes chimiques en Syrie », tout en réaffirmant la disposition de Moscou pour l'envoi de troupes en Syrie dans le cadre d'une présence internationale pour sécuriser le travail des experts sur les sites d'armes chimiques. « Ils (les occidentaux) ne veulent pas reconnaître qu'ils se sont encore une fois trompés, comme ils se sont trompés en Libye en bombardant le pays et le laissant au bord du chaos, comme ils se sont trompés en Irak en faisant la même chose et en menant en plus une opération terrestre, laissant le pays dans une situation extrêmement difficile, où des dizaines de personnes meurent chaque jour dans des attentats », a-t-il soutenu. De son côté, le président iranien, Hassan Rohani, a mis en garde les Occidentaux contre une intervention armée en Syrie, tout en prônant « la politique et le dialogue » pour « éteindre la guerre ».