La Cour pénale internationale (CPI) a autorisé hier le vice-président kenyan William Ruto à s'absenter de son procès durant une semaine afin qu'il puisse rentrer au Kenya pour gérer la crise provoquée par la sanglante attaque d'un centre commercial à Nairobi. «Au vu des circonstances, la chambre excuse M. Ruto des débats devant cette cour (...) pour une semaine seulement», a déclaré le juge Chile Eboe-Osuji lors d'une audience publique à La Haye, où siège la CPI. William Ruto, 46 ans, est le premier haut dirigeant en fonction à être jugé par la CPI, et la décision d'hier matin est la première du genre dans l'histoire de la CPI, entrée en fonction en 2003. L'avocat de William Ruto, Karim Khan, a indiqué au juge que son client quitterait dès lors les Pays-Bas par avion vers 11H00 (09H00 GMT). A son arrivée à la CPI hier matin, l'avocat avait indiqué qu'il demanderait que son client soit excusé pour deux semaines. William Ruto ne s'était quant à lui pas exprimé. Le vice-président est jugé à La Haye pour crimes de guerre pour son rôle présumé dans les violences politico-ethniques qui avaient secoué le Kenya après l'élection présidentielle de fin 2007, faisant plus de 1000 morts et des centaines de milliers de déplacés. «Ce n'est pas confortable d'être assis ici et de voir des vies massacrées», avait pour sa part déclaré l'animateur de radio Joshua Arap Sang, le co-accusé de M.Ruto, avant l'audience: «si M.Ruto doit rentrer, je suis d'accord, il est le vice-président». Selon la décision des juges, le procès se poursuivra sans M.Ruto, mais les parties discutait hier matin de la possibilité d'ajourner le procès. Dans une requête déposée dimanche, la défense de M.Ruto demandait aux juges un ajournement du procès, afin que «M.Ruto puisse rentrer au Kenya s'occuper d'une affaire de sécurité nationale extrêmement grave et encore en cours». Le procès de M.Ruto s'est ouvert le 10 septembre à La Haye. Le 12 novembre doit aussi s'ouvrir devant la CPI le procès du président kenyan, Uhuru Kenyatta, lui aussi accusé de crimes contre l'humanité pour son rôle présumé dans les violences post-électorales de fin 2007.