L'opacité la plus totale entoure l'origine de l'argent utilisé par les candidats pour le scrutin du 8 avril prochain. L'opacité la plus totale entoure l'origine de l'argent utilisé par les candidats pour le scrutin du 8 avril prochain. Après une semaine de campagne, ces candidats, qui n'ont jusqu'à présent pas perçu les 15 millions de dinars promis par les pouvoirs publics, puisent dans les caisses de leurs partis respectifs ou reçoivent l'aide de mécènes complètement acquis à leur cause. La loi électorale permet, en revanche, des aides financières émanant de personnes morales ou physiques, à l'image de ces «bienfaiteurs» qui arrosent la majorité de ces candidats. Car, il est impensable que certains de ces postulants à la présidentielle puissent financièrement tenir le coup jusqu'au 8 avril. Dans ce chapitre, la loi électorale stipule que la campagne est financée à partir de ressources provenant de la contribution des partis politiques, des revenus du candidat et l'aide éventuelle de l'Etat accordée équitablement aux candidats. Dans les quartiers généraux des prétendants à El-Mouradia, l'on déplore justement les lenteurs administratives et bureaucratiques qui font que les 15 millions de dinars ne soient pas encore réceptionnés poussant ainsi certains candidats à faire de longs trajets par route, faute de pouvoir prendre l'avion. Lors de la précédente élection présidentielle remportée par Bouteflika, l'Etat a fourni 100.000 affiches à chaque candidat et a pris en charge la publication des programmes électoraux dans 6 journaux ainsi que la gratuité des salles pour les meetings. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui dans la mesure où, outre la prise en charge des salles par les pouvoirs publics, toute la campagne est à la charge du candidat qui ne peut dépasser un plafond de 15 millions de dinars pour le 1er tour et 20 millions de dinars pour le 2e, seuils fixés par la loi organique relative au régime électoral dans son chapitre dispositions financières. Les choses n'ont pas évolué d'un iota sachant que la loi électorale n'a pas été amendée et partant, les candidats se retrouvent, faute de sources de financement, livrés à eux-mêmes. Il suffit de voir les moyens utilisés par les uns et les autres pour se rendre compte que les postulants partent financièrement à armes inégales. Les prix des affiches et des publications des programmes des candidats dans les journaux étaient évalués, en 1999, à 2,4 millions de dinars, somme qui a pratiquement quadruplé aujourd'hui rendant encore la tâche plus rude pour les candidats qui arrivent difficilement à tenir le coup. Par conséquent, ceux-ci contournent la loi en faisant appel à des donateurs pour pouvoir aller au bout de cette campagne. Cette loi est facilement contournable du moment qu'en cas de remboursement, les candidats ne percevront que ce qui a été officiellement dépensé. Dans ce contexte, la loi du régime électoral fixe ainsi les modalités de remboursement: «tous les candidats ont droit, dans la limite des frais réellement engagés, à un remboursement forfaitaire de l'ordre de 10%. Lorsque les candidats ont obtenu un taux supérieur à 10% et inférieur ou égal à 20% des suffrages exprimés, ce remboursement est porté à 20% des dépenses réellement engagées et dans la limite du plafond autorisé». Elle stipule par ailleurs que «ce taux est porté à 30% pour les candidats ayant obtenu plus de 20% des suffrages exprimés. Mais le remboursement ne peut se faire qu'après validation et proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel». Sur le terrain, Fawzi Rebaïne, pour ne citer que lui, ne peut, en aucun cas, rivaliser, sur le plan financier bien entendu, avec Bouteflika ou Benflis dont les ressources sont de loin supérieures. L'argent étant le nerf de la guerre, chaque candidat se démène comme il peut, même en transgressant la loi pour remporter cette élection, ou du moins faire bonne figure.