Après le passage de cinq candidats, nul ne peut pronostiquer le résultat final. Ces derniers jours, la ville de Bouira a vécu au rythme des meetings et des regroupements. Benflis qui a choisi Bouira comme point de départ de son marathon a, par ce geste, gagné la sympathie de bon nombre de personnes. Ce candidat, en annonçant sa volonté d'officialiser tamazight sans recourir au référendum et en reconnaissant la légitimité de la plate-forme d'El-Kseur, a pu investir un terrain jusque-là hostile à tout ce qui renvoie au pouvoir ne serait-ce que symboliquement. L'accueil très amical qui lui a été réservé lors de son passage à Bechloul, conforte cette thèse. Le second candidat à passer à Bouira n'est autre que Louisa Hanoune. La salle Errich qui a accueilli la candidate du PT n'a certes pas fait le plein en comparaison de son prédécesseur mais il reste que beaucoup de gens s'identifient au discours de Hanoune. Consciente de ce fait, la candidate du PT a axé son discours sur la situation sociale tout en faisant des parallèles avec la crise qui sévit dans la région depuis maintenant trois années. Là aussi, la candidate gagne en popularité quand elle manifeste sa volonté de régler le conflit en reconnaissant la langue. Abdallah Saâd Djaballah, le troisième homme en course est peut-être le seul qui semble avoir perdu en popularité. Même si la salle a été remplie, la venue du candidat du MNR n'aura pas suscité l'engouement. Le candidat a évité de parler de la crise kabyle et s'est limité à promettre de défendre les fondements d'une république fondée sur une trilogie : l'islam, l'arabe et l'amazighité. L'assassinat du cheikh Yassine en Palestine occupée a pris la majeure partie d'une allocution écourtée. Mardi, c'était au tour de Bouteflika de fouler le sol de la wilaya touchée par les événements sanglants du Printemps noir. Les moyens mis en place pour l'accueillir sont de loin supérieurs à ceux réquisitionnés pour ses concurrents. L'administration s'est totalement impliquée. Le candidat de l'alliance présidentielle a vite compris que la salle était trop exiguë, d'où un bain de foule à l'arrivée et au départ. Ces scènes où parfois on a frisé l'hystérie, ne traduisent pas la réalité puisque la ville a été bouclée et les accès depuis l'est de la wilaya ont été filtrés par des brigades de gendarmerie et des compagnies de CNS. Dans son discours, le président-candidat a essayé de reconquérir la sensibilité des citoyens en rendant un hommage aux martyrs de la citoyenneté. Est-ce que le message est passé? La réponse viendra avec la venue de Sadi, le cinquième candidat, vendredi. Le premier meeting animé à l'extérieur, dans un stade s'est voulu une réponse aux slogans anti-Bouteflika. L'occasion a été saisie aussi pour répondre aux partisans du boycott et à l'aile du mouvement citoyen qui appelle à un rejet de l'élection. Cette semaine à laquelle Rebaïne n'a pas participé, aura le mérite de renseigner sur la participation. Bouira, à ne point en douter, votera. Pour qui? Seule l'urne est à même de répondre à pareille interrogation. Ni l'affichage, ni les discours, ni la présence aux meetings ne peuvent fixer sur le dénouement d'une élection qui, apparemment, donne l'impression d'être crédible et transparente. L'autre enseignement que l'on peut retenir est la défaite de l'aile antivote du mouvement citoyen qui ne draine plus les foules et ne suscite plus les débats. L'aile de M'chedallah favorable au vote montre s'il le fallait qu'elle a raison de laisser le libre choix aux citoyens et citoyennes.