Le leader du MRN a axé ses interventions sur les difficultés socio-économiques. Poursuivant son périple électoral, le candidat islamiste Djaballah a ciblé, hier, dixième jour de campagne, la ville de Blida qu'il a sillonnée de bout en bout. Cette ville martyre qui a eu sa part du lot macabre causé par le terrorisme, garde toujours les séquelles d'une décennie noire. Le travail de sape auquel se sont adonnées les hordes du GIA et du Gspc a rendu la vie difficile dans certaines localités. Prévenant, Djaballah a évité soigneusement de remuer le couteau dans la plaie. Le risque de réveiller les vieux démons a été pris au sérieux par le leader du MRN qui a axé ses interventions, tout au long des escales qu'il avait faites, sur les difficultés socio-économiques qui pèsent lourdement sur la population blidéenne. A Meftah, où Djaballah a effectué son premier arrêt, l'accent a été mis sur la nécessité de réformer le système sanitaire. Evoquant l'absence du matériel médical de base, l'orateur s'est dit foncièrement choqué qu'«un hôpital» n'ait pas suffisamment d'électricité et de produits médicaux indispensables. Comme «seul palliatif» à cette «catastrophe sanitaire», il a appelé les dizaines de citoyens qui l'ont entouré à «voter massivement pour le changement le 8 avril prochain». Il est à noter que c'est la première fois depuis l'entame de la campagne électorale que le candidat du MRN a basé son discours sur le volet sanitaire. Ensuite, Djaballah s'est dirigé vers la commune de Bougara. La pauvreté et la frustration ont été le carburant de sa plaidoirie. La misère générée par un chômage record a été mise à profit par le discoureur afin de rallier son électorat. Comme à Meftah ou ailleurs la petite foule qui s'est amassée, est restée sans réaction pour savoir son appréciation réelle des «promesses» de son visiteur. A Larbaâ, troisième destination, tout le monde attendait un discours «réconciliateur» de la part de celui qui ne cesse de reprocher au chef de l'Etat «de faire peu pour promouvoir la réconciliation nationale». Les nombreux repentis de la région étaient un argument pour y penser. Contre toute attente, le numéro un d'El Islah a carrément évacué le sujet préparé par «la promotion du secteur agricole» qui fait le pain quotidien de nombreuses âmes. Les dernières escales ont été observées, l'une à Cheffa et l'autre à Mouzaïa. Ces deux communes à vocation agricole ont montré peu d'intérêt aux prêches électoraux. «Le coeur n'y est pas», nous a déclaré un jeune retiré de la foule. «Comment voulez-vous que je m'intéresse au vote alors que depuis 26 ans aucun homme politique ne s'est intéressé à mon sort», a-t-il poursuivi d'un ton de révolte. En découvrant de visu le déchirement d'une wilaya provoqué par des déséquilibres de tous genres, Djaballah s'est dit «être au courant des souffrances de toute l'Algérie profonde. En guise de remède, je ne peux que vous exhorter à aller voter massivement le 8 avril, pour le candidat le plus apte à présider aux destinées du pays.» Après cette campagne de proximité, Djaballah s'est dirigé vers le chef-lieu de la wilaya. Dans chacune de ses permanences, son cortège lançait le rappel à l'aide d'un haut-parleur pour assister au meeting dans la soirée, à la salle omnisports Baâziz. Cela s'ajoute à l'activisme intensif des militants et sympathisants locaux qui ont drapé la ville des Roses de posters géants de leur candidat. Ainsi, Djaballah a eu le meeting qu'il voulait en se voyant acclamé par des centaines de gens qui ont scandé à tue-tête: «Djaballah sera le président». Conscient qu'il était devant une assistance qui lui était acquise, Djaballah a remis au goût du jour le procès de la politique désastreuse de Bouteflika et la logique suicidaire des laïcs qui s'agitent à occidentaliser le pays en le dépouillant de ses valeurs ancestrales.