«Une croissance forte et saine» Avec un baril de pétrole à plus de 100 dollars, des réserves de change de près de 200 milliards de dollars, des potentialités humaines et naturelles, l'Algérie peut produire des miracles. La tripartite, tenue jeudi 10 octobre à Djenane El Mithak (Alger), a été une occasion pour le gouvernement d'ouvrir le front de la réindustrialisation pour sortir de la dépendance aux hydrocarbures. Dans son discours d'ouverture des travaux, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, a admis que la mission est «difficile et complexe». Mais il lance le défi en estimant que la «réindustrialisation de l'Algérie doit être obligatoirement le moteur d'une croissance forte et saine». Et ce n'est pas les moyens qui manquent. Avec un baril de pétrole à plus de 100 dollars, des réserves de change de près de 200 milliards de dollars, des potentialités humaines et naturelles, l'Algérie peut produire tous les miracles pour peu que la volonté politique de bien faire ne vienne à manquer. Le gouvernement qui a entamé cette politique avec la renationalisation du complexe d'El Hadjar et la réalisation d'une usine Renault peut compter sur le soutien de ses partenaires de la tripartite: l'Ugta et le patronat. D'ailleurs, le SG de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd, a signifié clairement que son syndicat ne s'opposera pas au gouvernement. Lors de l'une de ses sorties sur le terrain, M.Sellal a révélé que 30% des zones industrielles accordées à des investisseurs et 40% des zones d'activité ne sont pas exploitées. Il a reconnu que l'Algérie des années 1970 était plus industrialisée que celle de 2013. C'est dire que le chantier est vaste. Les objectifs du gouvernement sont donc de sortir de la dépendance totale aux hydrocarbures, de réduire la facture d'importation qui a atteint 60 milliards de dollars cette année par une forte diversification de l'économie et la réindustrialisation de l'Algérie. Pour réaliser ces objectifs, le Premier ministre estime nécessaire de lutter contre la bureaucratie et les opérateurs économiques tricheurs, sortir l'économie de l'emprise de l'administration et sécuriser les cadres de la nation. Mais il avertit que les orientations de l'Etat sont loin de converger avec l'ultralibéralisme «sauvage». «Nous évoluons dans un contexte perturbé et instable. La mondialisation ainsi que la crise économique qui en découle (...) doit nous conduire à nous interroger sur la fragilité de notre économie et sa vulnérabilité», a déclaré M.Sellal. Pour lui, il est urgent de donner une impulsion considérable à notre économie de sorte à diminuer sa vulnérabilité «à travers la diversification de sa production de richesses et d'emplois durables». Le Premier ministre plaide, dans ce sens, pour la création d'une base industrielle de grande ampleur à la mesure des moyens de l'Algérie et de ses besoins. Le gouvernement s'est assigné l'objectif majeur de «doter l'Algérie d'une industrie moderne et compétitive pour promouvoir une large diversification de nos exportations et une baisse sensible de nos importations». Dans ce contexte, le Premier ministre a indiqué que les entreprises nationales compétitives peuvent bénéficier du soutien de l'Etat si elles s'orientent vers l'exportation là où le pays recèle des potentialités. En parallèle, M. Sellal met en garde les importateurs tricheurs. «Nous contrôlerons sévèrement les importations tout en allégeant les procédures», a-t-il dit. Pour encourager l'investissement, le Premier ministre a annoncé la révision du statut de l'Agence nationale de développement de l'investissement (Andi). «Nous avons déjà pris quelques dispositions à l'adresse de l'Andi. Il y a un projet de statut qui est en cours de discussions pour permettre à ses cadres d'accomplir leur rôle au mieux. Il est impératif de faire en sorte que l'Andi soit un outil réel de développement de l'investissement en Algérie et ne doit pas se comporter comme un guichet bureaucratique», a-t-il indiqué. Il a annoncé, en outre, l'allégement du Crédit documentaire (Credoc) tout en excluant sa remise en cause. «On ne remettra jamais on cause le Credoc, mais on l'allègera en y apportant plus de souplesse et on veillera à mieux contrôler nos importations», a-t-il annoncé. M.Sellal a défendu aussi la règle des 51/49% relative aux investissements étrangers, soulignant que cette règle «a protégé l'économie nationale et continuera à le faire». Pour réussir le pari, le Premier ministre a expliqué qu'il faut amorcer une transition graduelle d'une économie de la rente à une économie productive de richesses dont l'industrie constitue le moteur. La démarche implique, selon lui, de ne plus différencier entre l'entreprise publique et privée. «Réussir la transition est largement à notre portée», a-t-il soutenu, appelant les entreprises publiques à envisager des partenariats avec les entreprises leaders dans leur domaine. M.Sellal explique que le rôle de l'Etat dans cette nouvelle architecture économique sera la régulation, l'arbitrage entre les acteurs économiques et sociaux et la définition des orientations stratégiques. Un nouveau pacte économique et social dans trois mois Le Premier ministre a annoncé, à l'issue des travaux de la tripartite, la mise en place de cinq groupes de travail chargés d'identifier les dispositions susceptibles d'encourager le développement de l'entreprise nationale. Le premier groupe est chargé d'élaborer le pacte économique et social de croissance dans un délai qui ne saurait excéder les trois mois. Le deuxième groupe est chargé de proposer les modalités de la contribution du Fonds national d'investissement (FNI) au financement de l'investissement national public et privé. Le 3e groupe est chargé de l'encouragement de la production nationale dont le crédit à la consommation pour les produits locaux, alors que le quatrième groupe prendra en charge la question de l'encadrement des actes de gestion. Le cinquième et dernier groupe est chargé de proposer les modalités facilitant l'intervention des entreprises nationales du Btph dans la réalisation du Programme national d'équipement.