Les agriculteurs font l'événement, mais malheureusement, «il y a d'autres parties occultes qui n'hésitent pas à tirer profit aux dépens des producteurs», dénoncent de nombreux agriculteurs. Ouverte du jeudi 10 au 12 octobre dernier, la fameuse fête annuelle de la figue sèche, à Béni Maouche, dans la wilaya de Béjaïa, suscite, aussi bien des satisfactions pour les uns que des déceptions pour les autres, notamment les agriculteurs qui n'ont pas bénéficié des subventions et autres moyens afin de les aider à améliorer le volume de la production qui a baissé à raison de 50% par rapport à la dernière édition. Plus de 85 exposants ont participé à l'édition de 2013, avec bon nombre d'interrogations qui restent à élucider, à commencer par le prix de la figue qui a atteint 700 DA/kg pour l'extra choix. 450 à 500 DA/kg le 2e choix et de 300 DA/kg pour le 3e choix. Faute du changement climatique qui s'est répercuté négativement sur les récoltes, les producteurs de figues sèches ont déploré la baisse de production à raison de plus 50% par rapport à la 10e édition de 2011. Les espaces sont répartis entre les exposants de la figue et autres produits agricoles qui relèvent des fruits et légumes, tels que le poivron, la tomate, les haricots verts, la courgette et le miel, sans parler des produits de l'artisan. La 11e édition de la fête de la figue, a été organisée beaucoup plus pour marquer la présence et animer l'activité des agriculteurs pour une durée très limitée, tout en rappelant que l'année écoulée 2012, la fête de la figue n'a pas eu lieu. Malgré la baisse de la production, le prix de la figue sèche n'a pas changé par rapport aux dernières années. Le prix augmente de plus en plus à cause de l'absence de subvention et de moyens qui permettent d'améliorer le volume de la production. En plus du manque d'espaces de stockage qui ont fait défaut, les agriculteurs n'ont pas fermé les yeux sur la présence d'autres wilayas qui ont présenté des produits de l'artisanat qui n'a rien à voir avec la figue sèche. «Franchement, je peux vous dire que malgré tous nos efforts et amour que nous mettons pour le travail de la terre, nous n'avançons pas encore, malgré que nous soyons à la 11e édition de cette fête de la figue», a regretté K. Mohamed, agriculteur, âgé de 35 ans environ. Le manque de subventions de l'Etat, l'absence de motivation en plus de la dureté du travail de la terre, ressortent chaque fois dans les discussions que nous avons eues avec au moins une dizaine d'agriculteurs. Pis encore, certains agriculteurs n'ont pas hésité à tirer la sonnette d'alarme sur certains cercles vicieux qui font dans la récupération de cet événement à des fins personnelles. Estimé à pas moins de 200 millions de DA, la facture des sponsors qui ont apporté leurs aide et soutien à cette fête que d'aucuns ne veulent politiser ni dévoyer à sa juste valeur, plusieurs agriculteurs ont mis le point sur les i «Nous avons eu plusieurs sponsors. Mais on ne comprend pourquoi il y a eu un retard d'affichage des sponsors pour les uns, mais pas pour les autres», déplore-t-on. Mohamed Sahki, président de l'Association des producteurs de figues de la wilaya de Béjaïa, dira à ce propos: «Nous voulons et nous demandons à ce que chacun active à sa place. Ce sont les agriculteurs qui font l'événement, mais d'autres parties de l'administration locale n'hésitent pas à tirer profit aux dépens des agriculteurs de la région», dit-il. Secret de polichinelle. La bureaucratie administrative, appuyée par des personnes qui mettent leurs intérêts personnels aux dépens des autres, a dégénéré sur le ras-le-bol de bon nombre d'agriculteurs qui émettent, d'ores et déjà, des réserves quant à leur participation à cette fête, si jamais elle aura lieu l'année prochaine. 60% des terres agricoles sont non exploitées. La commune de Béni Maouche avec ses 1014 martyrs tombés au champ d'honneur, fait un pas en avant, deux en arrière. Approchant les autorités locales, à leur tête, le P/APC de Béni Maouche, il faut le dire que nous avons eu beaucoup de peine et de surprises pour nous informer sur la situation, à commencer par les doutes des agriculteurs qu'il fallait éclaircir en notre âme et conscience. Insistant sur les problèmes d'urgence de Béni Maouche, le P/APC a parlé d'un déficit de 30 km de route, ainsi que l'absence de gaz de ville, en plus de la décharge publique qui continue d'alimenter le quotidien des citoyens. Le problème du logement qui guette des milliers de citoyens depuis le séisme de 2000, n'a toujours pas été résolu. Khaled Loudjani, P/APC de Béni Maouche, a révélé aussi que le projet de l'hôpital de 60 lits qui a été promis à cette commune qui compte plus de 22.000 habitants, n'a pas été retenu par la commission des finances pour l'année en cours. Faute de moyens financiers, il est question des milliers de citoyens qui n'ont pas pu achever leurs logements depuis des années. D'une part, les aides octroyées restent très insuffisantes pour répondre aux besoins, d'autre part, les citoyens sont inscrits au Fichier national du logement, ce qui ne leur permet pas de bénéficier d'aide de l'Etat. «On demande d'aider les citoyens de manière conséquente afin de terminer l'achèvement de leurs logements, ou bien de les désinscrire dans le Fichier national des logements afin de leur permettre de bénéficier des autres aides financières pour les besoins du logement», a souligné Khaled Loudjani, qui n'a répondu à notre sollicitation que le lendemain de l'ouverture de la fête de la figue. Par ailleurs, des spécialistes dans le domaine agricole qui sont venus de l'Institut agricole de Béjaïa, n'ont pas hésité à avancer des solutions, afin de développer le secteur agricole qui constitue la base de l'activité de la vie et survie quotidienne de la population. Il serait question de plus de 60% de terres agricoles de la commune qui ne sont pas exploitées. Pour ce faire, la création d'une école de formation pour les métiers de l'agriculture, notamment pour le développement de la figue sèche, sera d'un apport très important pour le développement du volume et de la qualité des produits agricoles, dont la figue sèche qui constitue aussi, une matière première pour la fabrication d'autres produits qui rentrent dans la transformation et l'industrie agricole. Pour cela, l'idée vient du Cfpa Baâziz Hafid, de la même commune qui a saisi l'occasion pour faire connaître ses différentes formations, tout en développant la formation au métier de la figue à titre expérimental, avant de demander officiellement sa spécialisation dans le domaine des métiers agricoles qui répondent aux besoins du développement local de la région rurale qui recèle des ressources humaines et naturelles à faire valoir dans le temps et dans l'espace. Par ailleurs, le mouvement associatif dans cette région rurale a connu la création d'une nouvelle association dénommée l'association Tafat (Lumière), au fameux village historique Tizekht. «Notre action et notre objectif sont purement culturels et sociaux. Nous demandons une aide des autorités locales de la wilaya, afin de pouvoir contribuer à la lutte contre les fléaux sociaux et l'animation culturelle et sportive», a souligné le jeune et dynamique Khoudir Ouicher, président de cette jeune association qui a montré dès ses débuts, des signes de solidarité et d'intérêt général de manière exemplaire.