Les vendeurs de poulet se sont éclipsés sans crier gare A l'instar des commerçants qui n'ont pas fait honneur à leur métier, en fermant boutique durant l'Aïd, les marchands de volaille ont, eux aussi, fait défection. C'est devenu maintenant une très fâcheuse habitude. A chaque fête de l'Aïd, la plupart des commerçants baissent rideau et ne reprennent leur activité qu'une semaine, voire dix ou quinze jours après. Au grand dam des citoyens à qui on avait pourtant promis que des permanences allaient être assurées, à l'occasion, et que des sanctions allaient être prises à l'encontre des contrevenants. Malgré le durcissement de la réglementation et les assurances du ministère du Commerce et surtout l'appel de l'Union générale des commerçants et artisans algériens, exhortant les commerçants à ouvrir leurs boutiques durant l'Aïd, la majorité d'entre eux ont fait défection. Pis encore, même ceux qui étaient de permanence, du moins certains d'entre eux, auraient fait faux bond. Sans compter ceux qui ont fermé boutique un ou deux jours plus tôt, au motif que leurs employés habitaient loin et qu'ils ne pouvaient, de ce fait, les empêcher d'aller fêter l'Aïd au bled avec leurs familles. Fait bizarre, cependant, même les marchands de volaille qui, habituellement, sont visibles partout, y compris les jours fériés, ont disparu de la scène. Certains se sont éclipsés sans crier gare la veille, alors que d'autres, avaient baissé rideau de nombreux jours auparavant, plongeant dans le désarroi tous les pères de famille qui n'ont pas les moyens d'acheter de la viande. D'ailleurs, beaucoup avaient misé sur les viandes blanches pour passer la fête, mais la défection de ces commerçants a contrarié leurs plans. Selon certaines indiscrétions, les commerçants ont fermé pour éviter une baisse de la vente sur le marché. En effet, beaucoup savent que la demande va énormément baisser sur le marché durant l'Aïd. Au lieu d'assurer leur mission de service public, en permettant aux petites bourses de s'approvisionner en viande blanche, les bouchers ont préféré fermer plutôt que de prendre des risques. A en croire certains citoyens, c'est pour éviter une chute des prix du poulet qui avait atteint 450 DA le kg durant le mois de Ramadhan que les commerçants ont opté pour cette stratégie. Les bouchers ont, pour la plupart, fermé. Cela ne les a pas empêchés de s'adonner à un commerce très juteux. En découpant une carcasse de mouton, certains ont réussi à se faire beaucoup d'argent. «J'ai payé 1000 DA au boucher pour ce travail qui ne dure pourtant que quelques minutes», nous a confié un citoyen. Ayant eu recours, lui aussi, aux services d'un boucher pour le découpage de la carcasse de son mouton, un autre citoyen nous a déclaré qu'une vingtaine de clients avaient pris d'assaut la boucherie et attendaient leur tour. Que dire, alors, des carcasses de boeufs ou de veaux pour lesquelles le boucher encaisse pour les découper, au minimum, 10.000 DA. Ils ne sont pas les seuls, les commerçants de fruits et légumes ont, eux aussi, profité de la fête de l'Aïd pour déplumer les clients. C'est le cas de ce vendeur de la commune d'El Biar qui a exposé ses courgettes à 260 DA le kg. Du jamais-vu!