Les tensions régionalistes se sont exacerbées au point où certains candidats crient au scandale. Des paramètres régionaux et tribaux font leur réapparition à quelques jours de la tenue de l'élection présidentielle. Sinon à quoi peut-on attribuer les graves dérapages survenus à Tlemcen où les sièges de certains candidats ont été complètement saccagés alors qu'on y avait déroulé le tapis rouge à d'autres. Si, pour leur appartenance à telle où telle région, des prétendants à la magistrature suprême sont accueillis en fanfare, d'autres, et pour les mêmes raisons, rencontrent les pires difficultés à organiser leurs meetings. Ce phénomène n'est pas particulier à cette ville car d'autres évènements similaires ont été signalés çà et là à travers le territoire national. L'idéologie étant reléguée au second plan, des éléments extra-politiques sont rentrés en jeu où la différence dans la vision des choses ne fait plus recette. Les électeurs ont tendance à privilégier l'appartenance tribale ou régionale plutôt que de voter pour des programmes politiques, comme c'est le cas dans les pays développés. Les tensions régionalistes se sont exacerbées au point où certains candidats, à l'image de Djaballah, crient au scandale. Il est tout à fait normal qu'un parti politique soit mieux ancré dans une région que dans une autre. Il est tout aussi normal qu'un candidat possède son fief électoral, cependant certaines pratiques révolues, dont le régionalisme, ressurgissent en excluant les débats de fond propres aux démocraties occidentales. Bouteflika est adulé à l'ouest du pays, Benflis, Djaballah et Saïd Sadi, pour ne citer que ceux-là, y sont chahutés. Ces derniers sont en revanche bien accueillis à l'Est algérien où ils seraient accrédités d'un bon score au scrutin du 8 avril. Et sauf surprise de taille, Benflis et Djaballah réaliseront le meilleur résultat dans cette région du pays alors que Sadi raflera la mise en Kabylie si bien sûr le vote se déroule dans des conditions normales. Cette tare ne date pas d'aujourd'hui puisqu'elle remonte à l'indépendance du pays quand Boumediene, Tahar Zbiri et Saïd Abid, tous originaires de l'Est algérien, se sont ligués contre Ahmed Ben Bella, alors président de l'Algérie, pour le déposer et s'emparer du pouvoir. A la mort de Boumediene, ce même régionalisme avait, rappelons-le, coupé l'herbe sous le pied de Bouteflika victime de son appartenance à une région précise. D'ailleurs, c'est sous le régime Chadli que le mot BTS (Batna, Tébessa, Souk-Ahras) revenait dans toutes les bouches. Cette pratique a-t-elle contaminé les Algériens au point de s'ancrer dans les mentalités et se propager à travers le territoire national? Tout porte à le croire en ces moments de campagne électorale marqués par des alliances sectaristes, voire même tribalistes. Bouteflika n'a d'ailleurs pas échappé aux critiques acerbes de la classe politique, du moins dans sa majorité, qui l'accuse de raviver le sentiment régionaliste en s'entourant de ses proches (frères et soeurs) et en attribuant des postes- clés aux gens de sa région. La prochaine consultation populaire départagera certes les candidats mais il est certain que le facteur régionaliste sera déterminant le jour du scrutin.