Entrée en lice dans le seul but de sauver l'Etat-nation, elle reste la seule à éviter l'invective, la polémique et les attaques personnelles. Vingt ans de militantisme acharné. Quelque temps passé en prison pour «activités subversives», celles-là mêmes qu'elle accomplit présentement avec succès aux quatre coins du pays. Louisa Hanoune, véritable pasionaria à l'algérienne, vit une véritable consécration pour elle et pour son parti à travers une campagne électorale que tous les observateurs s'accordent à saluer, tant elle s'en tient aux simples discours pragmatiques, évitant aussi bien les attaques personnelles que les polémiques stériles. Il est vrai que dans l'entretien accordé à notre journal, quelque temps avant que la direction du PT n'annonce l'officialisation de sa candidature, alors même que la campagne de collecte des signatures battait son plein, Louisa Hanoune, en véritable visionnaire de la politique, voyait venir les dangers et martelait très fort que tout engagement ne viserait d'autre but que «de tirer la sonnette d'alarme contre le véritable complot engagé contre l'Algérie, visant à déstructurer la nation algérienne». Louisa Hanoune, disposant d'un courage inouï, lui permettant d'attaquer la toute puissance financière et militaire des multinationales, évoque les exemples récents de par le monde pour crier que «l'Algérie est en danger». Elle parle d'un «engrenage enclenché, dans lequel des acteurs disparates sont engagés, et où chacun a un rôle prédéterminé, qui apparaîtrait anodin s'il était coupé du puzzle global». Ainsi en est-il, notamment, de l'accord pouvoir-archs prévoyant la révocation de ceux qui sont qualifiés d'«indus élus», mais aussi des recommandations du rapport portant réforme de l'Etat, prévoyant les regroupements selon les affinités «tribales et linguistiques». C'est plus que ne peut en supporter un parti comme le PT, qui a toujours appelé à une solution algérienne, entre Algériens à travers un congrès sans exclusion aucune. Une rencontre à laquelle, donc, prendraient part aussi bien les représentants des services de sécurité que les activistes islamistes et tous ceux qui peuvent aider à résorber la crise politique et sécuritaire qui déchire le pays depuis douze longues années. A la faveur des graves dérapages constatés lors de cette campagne électorale, et des terribles clivages apparus entre différentes régions du pays, il faut convenir que les dangers touchés du doigt par Louisa Hanoune étaient bel et bien réels. La présidentielle, il faut le craindre, est venue accélérer un engrenage que Louisa Hanoune a été la première, sinon la seule, à désigner du doigt, à dénoncer et à appeler à stopper par tous les moyens. Si ce sujet constitue le principal discours d'une «pasionaria» à l'apogée de sa popularité et de sa force, cela ne l'empêche pas de caresser de légitimes ambitions politiques. «Nous ne sommes pas des enfants de choeur», nous avait-elle répondu face à l'insistance de notre questionnement. Louisa Hanoune, qui a consacré ses plus belles années au service de son idéal, qui défendra jusqu'au dernier souffle la cause des couches défavorisées, présente une bien belle alternative à tous les discours développés à l'entour. Elle ne se propose rien moins, que de consacrer l'égalité entre les deux sexes, rouvrir les entreprises fermées, stopper le bradage de nos richesses dans le strict respect de l'article 17 de la Constitution, se conformer à l'ensemble des conventions internationales relatives au respect des droits de l'Homme et des travailleurs, faire passer le Smig à 25 000 dinars, décréter tamazight langue officielle comme cela a toujours été la revendication de l'ex-OST, convoquer le fameux congrès national algérien, avant de revenir à la légitimité populaire en organisant l'élection d'une constituante pour laisser les Algériennes et les Algériens décider souverainement de leur destin. Infatigable, développant un discours s'adressant aux coeurs des citoyens de l'Algérie profonde, Louisa Hanoune provoque l'engouement dans toutes les localités qu'elle visite. Fruit de nombreux sacrifices et d'un combat acharné de plusieurs décennies, le parcours du PT se concrétise à travers cette candidature, de toute l'histoire de l'Algérie pluraliste et indépendante. Quelle qu'en soit l'issue finale, le message de la pasionaria algérienne a sans doute été reçu cinq sur cinq. Quant au combat, ben il continue...