La pièce s'inscrit dans le cadre du travail continu de l ‘opération Noir sur Blanc, entrepris depuis 2002, entre Chrysalide et Gertrude II. Ecrite et mise en scène par Hajar Bali, alias Djalila Kadi Hnifi, présidente de l'association Chrysalide, la toute nouvelle pièce de théâtre se décline en un acte et 4 scènes. C'est une coproduction avec la Gertrude II, une structure de création pluridisciplinaire de Lyon. Cette pièce, nous vous prévenons tout de suite, sort de l'ordinaire. On pourrait l'affubler du terme expérimental, tant ses fondements reposent sur la recherche en sortant du carcan des normes classiques théâtrales. On pourrait ne rien comprendre. Mais en fait, Rêve et vol d'oiseau, qui tire son nom d'une célèbre expression de F.Nietzsche(«Le théâtre et le comédien déguisé en héros sont une entrave au lieu d'une aile de l‘imagination, ils sont trop près, trop définis, trop lourds, trop peu rêve et vol d'oiseau») répond ainsi à cette confusion, légitimée dans cette pièce par le sens qu'elle veut donner, ou transmettre, sans prétention aucune. Comme dans la vie, nous n'écoutons que ce qu'on veut bien entendre et nous voyons que ce que l'oeil veut bien voir...C'est l'histoire d'un couple, la quarantaine et le grand-père. Trois personnages qui semblent être la caricature de la génération qu'ils représentent. La vie coule d'une façon ordinaire, sans joie, avec les rituels des repas et l'omniprésence de la télévision qui accompagne ce couple, transi, dans son ennui routinier et ses monologues que chacun débite inlassablement sans trop écouter l'autre...Le vieux débite un discours nostalgique d'une période héroïque, passée. Aussi, Des jeunes «intrus» viennent déstabiliser la vie morose de ce couple .Ces prétendus Farid, sont tous obsédés par une seule chose: le coffre qui sert de table basse au salon. Terriblement existentialiste, cette pièce de théâtre, met en lumière, souligne le metteur en scène, Hajar Bali, «l'incapacité des protagonistes de ce drame de la vie, à être acteurs de leur vie». Ainsi, cette forme de violence, sous-jacente ou non, se traduit par ces situations ubuesques, parfois grotesque ou absurdes dont les acteurs sont affublés. Comme pour mieux révéler ce drame de la vie. «Ce n'est pas seulement l'apparence de violence, ni l'apparence de tristesse, ni même l'apparence d'intérêt pour une idée ou pour une chose. Comment restituer cette conviction? Cela impose de mettre les acteurs en situations contradictoires, comme nous le sommes tous dans notre quotidien (révolte, méchanceté gratuite, autisme, tendresse feinte)» souligne Hajar Bali. Et de renchérir en abordant l'aspect esthétique: «Les outils du théâtre contemporain permettent toutes les libertés. On en arrive à proposer un théâtre qui n'est pas théâtral. A cet effet, le recours au dispositif scénique blanc détache la scène de l'espace classique du plancher et permet au regard, par l'éclairage précis et par le choix des couleurs et du décor, une élévation vers notre propre espace-temps. A la fois détaché et concerné.» Originale, cette création bénéficie du dispositif scénique de Mourad le désiré (création théâtrale de Gertrude II, Lyon, 2003). La pièce, est à noter, s'inscrit dans le cadre de l'acte III de l ‘opération Noir sur Blanc, entrepris depuis 2002 et traduisant une étroite collaboration qui se veut aussi sérieuse et continue entre Chrysalide et Gertrude II. Rêve et vol d'oiseau consolide, en effet, cet bel échange entre Hajar Bali et Guillemette Grobon, entre autres (directrice artistique de Gertrude II). Prévu pour la fin de l‘année 2006, ce spectacle qui sera créé d'abord à Alger, en l'occurrence à la salle Ibn Zeydoun, fera la fermeture de la semaine d'actions à l'Opéra de Lyon, au printemps 2007.Ce spectacle aura été, au cours de cet été, l'occasion pour 10 techniciens notamment d'Alger et de Sétif de se former aux techniques de création de lumière, tout en suivant le processus de création de la mise en scène de Hajar Bali avec les comédiens. Cette formation a été assurée par Claude Couffin, ce sympathique créateur de lumière de lyon.