Par rapport à l'euro, le dinar a perdu sur trois mois, et suite à la décision politique, 9% de sa valeur Pour ceux qui ne le savent pas encore, l'euro aujourd'hui, fait officiellement s'entend, 111.25 DA. Une question à 111,25 DA: notre pays pourra-t-il supporter toutes les augmentations de salaires qu'il a accordées? En d'autres termes, jusqu'à quand pourra-t-il continuer à payer les salaires qu'il n'a pas hésité à augmenter de manière un peu trop dangereuse? Dix ans? Sept ans? Beaucoup moins? Nous n'avons pas les données nécessaires nous permettant de définir une limite, mais ce qui ne fait pas de doute c'est que la masse salariale de la Fonction publique est inquiétante à plus d'un égard. Ceci parce que les augmentations de salaires chez nous ont souvent entraîné trois conséquences toutes aussi dangereuses les unes que les autres. On ne résout pas les problèmes de gestion par les salaires La première, c'est qu'une augmentation des salaires dans un corps de métiers ou dans un secteur finit toujours par entraîner, chez nous, des demandes d'augmentations dans les autres secteurs ou corps de métiers. Lorsque, par exemple, les enseignants universitaires ont vu leurs salaires augmenter, cela a donné des grèves et des revendications dans pas mal d'autres secteurs, comme l'Education nationale, pour ne citer que celui-là, où l'on s'est mis à exiger des augmentations pour leur corps ou leur secteur aussi. Malheureusement, chez nous, l'Etat a pris la très mauvaise habitude de céder à la pression de la rue. Populisme? Achat de la paix sociale? On dira ce qu'on veut, mais toujours est-il que cette manière de procéder n'a pas et ne peut pas donner des résultats et quand bien même arrive-t-elle à calmer les esprits, elle le fait pour le court terme uniquement car d'autres secteurs et d'autres corps de métiers en viennent eux aussi à exiger des augmentations et...rebelote, et bonjour la série ininterrompue des augmentations! Pour ne rien cacher, l'histoire des augmentations de salaires nous révèle à chaque fois à quel point notre société a perdu la mesure des choses et nous rappelle la triste dégradation des valeurs que nous vivons! Le seconde conséquence de la hausse des salaires, chez nous, c'est qu'elle est, le plus souvent, aussitôt suivie par une augmentation des prix et donc, sinon d'une détérioration du pouvoir d'achat du moins, d'un blocage de ce dernier. Ce qu'on vous donne d'une main, disent généralement les Algériens, on vous le reprend aussitôt de l'autre. Les justifications? Pas de problème, on peut toujours trouver les raisons qu'on veut du moment qu'il y a toujours des leurres-peuples en place. La troisième conséquence que nous supportons parfois, suite à une augmentation de salaires, c'est la dévaluation du dinar parce que la dévaluation d'une monnaie constitue aussi une méthode, bien connue, à laquelle recourent les autorités politiques dans certains pays, comme le nôtre, pour tenter d'annihiler, ou du moins, de réduire les effets des augmentations que l'on a eu à concéder eu égard à une conjoncture donnée et non en contrepartie d'une amélioration de la productivité. Et, justement, la semaine dernière, la Banque d'Algérie a procédé à une dévaluation du dinar. Un coup de sifflet donc pour la course vers l'enfer de ceux parmi les Algériens qui ont déjà des difficultés à joindre les deux bouts car, détrompons-nous, tous les Algériens ne vivent pas à l'aise et tous ne sont pas heureux de vivre! Il existe malheureusement encore dans notre pays des gens qui font pitié à la misère elle-même. Ceux-là n'ont ni salaires ni augmentations de salaires. On leur accorde juste, lorsqu'on s'en souvient la veille d'élections, quelques misérables dourous qu'on accompagne, bien sûr,d'une grande campagne médiatique pour dire et montrer toute notre générosité alors que, en réalité, le pétrole leur appartient et le gaz leur appartient tout comme ils appartiennent à ceux qui s'en servent 24h sur 24, sans honte et sans retenue. Ils leur appartiennent même un peu plus car, eux au moins, on est sûr qu'ils ont la nationalité algérienne et seulement la nationalité algérienne. Ces gens-là, parfois, ne possèdent même pas de carte d'identité, mais ils ont toujours possédé une carte d'électeur! Mais on résout les problèmes de salaires par la gestion Par rapport à l'euro, le dinar a perdu sur trois mois, et suite à la décision politique, 9% de sa valeur. Une vraie chute qui se fera sentir sans doute dans la vie de tous les jours et que ni le gaspillage devenu habituel des fonds publics, ni les subventions irréfléchies, ni les distributions anarchiques de sommes faramineuses, ni les générosités incompréhensibles, ni ces milliards qu'on jette à tout vent ne pourront masquer. On ne combat pas la misère d'un peuple en jetant l'argent du pétrole par-dessus les hauts balcons du boulevard de la République. Finalement, il y a tout lieu de croire qu'il y a des pays qui savent gérer la pauvreté mais qui perdent le bon sens lorsqu'ils ont à gérer la richesse. Lorsque nous étions pauvres, nous étions meilleurs gestionnaires, lorsque nous avons eu quelques sous, nous sommes devenus parmi les plus grands dilapidateurs de ce monde et c'est dommage, car nous sommes en train de perdre l'occasion d'utiliser à bon escient notre richesse, nous avons trop pris sur les ressources de nos enfants, et nous agissons d'ailleurs comme si nous n'avions pas de descendance! La dernière dévaluation, à notre avis en tout cas, semble faire suite aux mauvaises décisions d'augmentations effrénées des salaires qu'a connues notre pays ces dernières années. Des décisions inappropriées parce que, tout comme il ne sert à rien de donner un costume à quelqu'un qui a faim, on ne règle pas des problèmes liés à l'inefficacité de gestion avec des augmentations de salaires. C'est comme s'il suffisait d'augmenter les salaires pour régler les problèmes de gestion alors qu'en réalité, il faut améliorer la gestion pour améliorer la performance et en arriver à augmenter les salaires. Pas l'inverse. C'est malheureusement ce type de décisions inadaptées qui,en reportant la recherche de solution, entraîne toujours une accumulation des problèmes. Nul ne peut être contre l'augmentation des salaires, mais ce que nous rejetons sans hésiter c'est l'augmentation anarchique et non justifiée c'est-à-dire qui ne s'inscrit dans aucune stratégie et qui, surtout, ne repose sur aucune amélioration de la productivité. Les ressources financières d'un pays ne sont pas illimitées. Les dilapider est un comportement tout simplement irresponsable. On ne fait pas ici l'apologie du misérabilisme, on en appelle à la rigueur. Rien qu'à la rigueur. Il ne fait pas de doute que tout un chacun doit toucher le salaire qu'il mérite. Il ne fait pas de doute, non plus, que tout un chacun doit aspirer à vivre convenablement. Mais il est tout aussi facile de comprendre que l'on ne peut vivre à l'aise qu'en travaillant, aussi, lier ces deux propositions entre elles est l'erreur qu'il ne convient pas de faire lorsque l'on ne fournit pas l'effort suffisant car, et cela au moins il faut le reconnaître, plus personne ne fait d'efforts dans notre pays! La rente établie comme institution et l'esprit de rente érigé en idéal dans notre société ont fini par faire de nous des rentiers même lorsque nous n'avons pas de quoi nous nourrir. A quoi sert cette dévaluation? Lorsqu'elle est voulue, une dévaluation, nous disait-on à luniversité, peut chercher à réduire l'importation tout comme elle peut aussi viser à impulser les exportations. Ceci est tout à fait vrai et simple à saisir sauf que, encore une fois, lorsqu'on parle des règles économiques (ce que d'autres appellent à tort des lois) il est nécessaire d'avoir une carte de géographie entre les mains. Il faut savoir où et dans quelles conditions socio-politico-économiques on est. S'il est irréfutable que l'on peut réduire les importations par la dévaluation, il est cependant clair que cela ne peut avoir lieu que lorsqu'on est capable de produire soi-même ce dont on a besoin, ce qui mènerait à la substitution de la production locale aux importations, ce fameux modèle de développement prôné lors des années 1960. Or ceci supposait, à l'époque déjà, deux conditions essentielles. La première c'est qu'il y ait un certain pouvoir d'achat capable de stimuler par la demande une production nationale, de ce côté-ci chez nous le problème ne se pose pas. La seconde c'est qu'il faut qu'il y ait production ce qui est déjà moins évident. De nos jours, il convient d'ajouter une troisième condition, celle d'avoir, non pas n'importe quelle production, mais une production d'une certaine qualité car le citoyen d'aujourd'hui, avec ses exigences et ses attentes, est très différent de celui des années 1960 pour lequel était conçu le modèle en question. A-t-on le niveau de qualité requis? on pose la question tout simplement! Par ailleurs, les temps n'étant plus les mêmes, ce modèle de substitution aux importations ne peut plus marcher à cause de la mondialisation qui empêche tout recours aux barrières tarifaires pour favoriser les produits locaux. En d'autres termes, cette dévaluation ne pourra pas freiner les importations. Pas du tout. Du moins pas tant que nous sommes obligés d'importer ou, c'est selon, tant que nous sommes incapables de produire notre blé, nos médicaments, nos voitures, nos vêtements etc... Par ailleurs, une dévaluation peut aussi stimuler les exportations. Ceci demeure vrai lorsqu'on ne vit pas aux dépens du pétrole et uniquement de pétrole. Ceci est vrai lorsque l'effort des hommes ne constitue pas moins de 2% des exportations du pays. De ce côté non plus, cela ne marche donc pas chez nous. Qu'aurons-nous à gagner de cette dévaluation? Rien, absolument rien que la misère qui la suit de près et pour laquelle le prochain hiver s'annonce très rude. Exactement comme la pluie. Ailleurs lorsqu'il pleut, les gens en tirent tous les bienfaits du monde. De la production, à la baisse des prix en passant pas le bonheur des gens, chez nous, lorsqu'il pleut, on n'a que la boue en plus, avec toutes les misères qui lui sont liées. Tout est finalement relatif, n'est-ce pas. Ceci nous emmène donc à dire, encore une fois, que l'actuelle dévaluation du dinar n'est pas voulue, elle ne peut pas être voulue. Elle n'est que la conséquence obligée des augmentations de salaires consentis jusque-là! Pour ceux qui ne le savent pas encore, l'euro aujourd'hui, fait officiellement s'entend, 111,25 DA.